Description
Contexte
Prévention et gestion du risque inondation
Pour aller plus loin : https://www.sedif.com
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Le fond et les berges d’un cours d’eau sont constitués de sédiments (gravier, sable ou argile) appelés alluvions. L’eau infiltrée dans ces alluvions s’appelle la nappe alluviale.
Dans l'agglomération parisienne, 78% de la surface de ces alluvions est occupée par le tissu urbain. Sous ce tissu urbain, les caves, les parkings, les réseaux souterrains de transport (~ 200 km de métro), d’assainissement (~4000km), d’électricité et d’eau potable sont en partie creusés dans les alluvions.
Hors période de crue, la nappe alluviale n’atteint pas les infrastructures souterraines.
Lors d’une crue, la hauteur d’eau augmente : l’infiltration de l’eau vers la nappe alluviale aussi. Le niveau de la nappe alluviale peut s’élever jusqu’à l’inondation des infrastructures souterraines (caves, réseaux d’assainissement ou de transports en commun) lorsqu’elles ne sont pas étanches. Une inondation par remontée de nappe survient alors dans des zones protégées du cours d'eau, via la percolation de l’eau au sein des alluvions.
Le 13 octobre 2016, à l’occasion de la journée internationale de prévention des catastrophes naturelles organisée par l’ONU, l’EPTB Seine Grands Lacs a lancé l’opération « Risque inondation : tous concernés, tous préparés ! ».
Si, au quotidien, chacun peut avoir besoin d’aide et se rendre service entre voisins, cela est d’autant plus vrai en cas de catastrophes comme les inondations. En Ile-de-France, les inondations sont particulièrement longues : l’eau peut rester plusieurs semaines voire plusieurs mois sur notre territoire et impacter très largement la vie quotidienne des Franciliens. Que nous vivions ou travaillons en zone inondable ou pas, de par notre dépendance au bon fonctionnement des réseaux (électricité, transports, eau potable, déchets, télécommunication…), nous sommes tous vulnérables.
Et, en cas de catastrophes, les autorités s’occuperont en priorité des personnes les plus vulnérables. La solidarité et l’entraide entre voisins se doit aussi d’être largement encouragée !
En partenariat avec l’association Voisins Solidaire, la start-up SMIILE et le Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris, plusieurs milliers de kits de communication ont été déployés pour faire des voisins des relais d’information et de sensibilisation sur ce sujet.
Cette thèse de doctorat, soutenue en décembre 2017, vise à étudier les impacts sociaux potentiels d’une inondation majeure de la région francilienne. L’aléa considéré dans ces travaux est celui d’une crue de la Seine et de ses affluents, de débit égal ou supérieur à la crue de référence de janvier 1910 (scénarios dits « R1 » et « R1,15 »). L’occurrence d’un tel aléa provoque des « impacts sociaux » – ces impacts font référence aux effets de l’inondation sur la population, ses conditions, ses moyens d’existence. Cette thèse est découpée en trois segments, correspondant à trois objectifs de recherche complémentaires : (1) d’abord, sont évalués dans le cadre d’un Système d’Information Géographique (SIG) les besoins de prise en charge des populations en cas d’évacuation massive ; (2) ces besoins sont confrontés, dans le cadre d’une étude qualitative, aux dispositifs développés par les autorités en charge de la gestion de crise ; (3) ces travaux sur les impacts de court terme de la crue se doublent enfin d’une étude sur les impacts sociaux de plus long terme, avec une modélisation des besoins de reconstruction et des impacts post-catastrophe de la crue sur la population.
En cas de crue majeure de la Seine, un des enjeux majeurs pour les autorités consiste dans l’évacuation des populations exposées. C’est une problématique centrale, et pourtant difficile à appréhender, du fait des nombreuses incertitudes qui pèsent, tant sur la connaissance de l’aléa et de ses impacts physiques, sur les réseaux en particulier, que sur les réactions des populations ou du commandement politique. Ces incertitudes justifient le développement, dans le cadre de la thèse, d’un modèle d’estimation des besoins sociaux de prise en charge en cas d’évacuation massive – en partenariat avec la Préfecture de Police de Paris, qui coordonne la gestion de crise à l’échelle francilienne. Ce modèle est développé sous SIG, et croise deux approches : (a) une approche environnementale, consistant à synthétiser des variables relatives à l’exposition des territoires vis-à-vis de l’aléa, pour faire un zonage de l’évacuation, à l’aune de la doctrine envisagée par la Préfecture de Police ; (b) une approche sociale, consistant à agréger des variables sociales et démographiques pour évaluer la susceptibilité de la population à évacuer et à trouver un hébergement.
Cette seconde approche s’appuie en particulier sur un état de l’art constitué à partir des retours d’expérience d’évacuations massives, à l’échelle internationale – il est principalement développé à l’aune des évacuations étatsuniennes, à l’instar de celles qui ont précédé l’occurrence des ouragans Katrina (Nouvelle-Orléans, août 2005) et Rita (Houston, septembre 2005). Une difficulté majeure, pour anticiper sur une évacuation sur notre terrain d’étude, tient en effet dans l’absence de retour d’expérience d’évacuation de masse, impliquant des centaines de milliers de personnes, en France depuis la seconde guerre mondiale.
Les résultats du modèle mettent en évidence des besoins de prise en charge élevés : jusqu’à 700 000 personnes pourraient être évacuées pour un scénario d’inondation similaire à celui de la crue de référence de janvier 1910, 1,1 million pour une crue d’ampleur supérieure. 120 000 personnes devraient être prises en charge dans des centres d’hébergement d’urgence dans la première hypothèse, 200 000 dans la seconde. Des disparités géographiques majeures peuvent également être observées, entre communes et entre départements.
Ces besoins sont confrontés aux moyens et dispositifs de prise en charge, développés par les collectivités et par les administrations d’Etat, responsables de la gestion de crise. A partir d’une méthodologie mixte, combinant entretiens, observations, documentation écrite et analyses géomatiques, ces travaux mettent en évidence les difficultés auxquelles doivent faire face les autorités publiques, et en particulier les collectivités, pour répondre aux besoins de leurs administrés, en cas de catastrophe.
Il faut en particulier souligner deux types de contraintes. D’une part, les autorités peinent à arbitrer dans des situations de forte incertitude, du fait des nombreux postulats, souvent implicites, qui pèsent sur un événement de l’ampleur d’une crue majeure de la Seine. Ce déficit d’arbitrages entrave non seulement les efforts de planification en amont, mais paralyse également les acteurs en situation de gestion de crise, du fait que ces derniers peinent à anticiper sur les conséquences de la crue, ce que les inondations de juin 2016 ont pu mettre en évidence. Les difficultés à arbitrer pèsent en particulier sur la problématique de l’évacuation, avec une doctrine qui peine à voir le jour de façon aboutie. D’autre part, le sous-dimensionnement des moyens limite la capacité des collectivités, municipalités en tête, mais aussi des institutions étatiques, à se préparer à la crise et à répondre aux besoins des population, sans l’intervention de l’échelon national. Ce sous-dimensionnement des moyens est aggravé par des difficultés de coordination ou de communication entre acteurs.
Aux enjeux de gestion de crise, et à l’étude des impacts sociaux immédiats de la crue, s’ensuit une analyse cartographiée des conséquences à long terme de celle-ci sur la population. Cette analyse se fonde sur le développement d’un modèle sous SIG, permettant de cartographier deux types de données : d’une part, les dommages provoqués par l’inondation sur les services et infrastructures de base nécessaires à la vie quotidienne des populations ; d’autre part, la capacité de ces dernières à faire face aux conséquences négatives de la crue sur le temps long. Cette seconde analyse s’appuie en particulier sur un état de l’art de catastrophes passées, permettant d’identifier les variables corrélées à la capacité de reconstruction et de retour sur le temps long et sur leur territoire d’origine des populations sinistrées.
Le croisement des deux approches – endommagement et capacité de reconstruction – permet d’estimer les impacts sociaux de l’inondation sur le temps long, et de cartographier les disparités qui se font jour entre les territoires sur cette question. Si un effondrement généralisé de la région francilienne est improbable sur le long terme, même dans l’hypothèse d’une inondation supérieure à celle de janvier 1910, les conséquences de l’inondation pourraient en revanche être durables à l’échelle locale. Certaines municipalités pourraient assister à une modification profonde de leur tissu social et démographique, du fait des conséquences de la catastrophe – en particulier les municipalités qui cumulent un fort endommagement (une douzaine de villes de plus de 10 000 habitants pourraient voir plus de 30% de leurs structures et infrastructures de base endommagées) et une faible capacité de reconstruction de leur population. La stratégie de reconstruction post-catastrophe doit pouvoir intégrer ces disparités spatiales dans sa planification, afin de les limiter et d’accompagner au mieux les populations les plus exposées.
La gestion des risques naturels en général, et celle des inondations en particulier, est souvent schématisée par une boucle itérative, appelée cycle de gestion du risque inondation. Dans cette boucle on peut distinguer principalement deux temps : la phase pré-catastrophe et la phase post-catastrophe qui sont marquées par l’avènement d’un choc représenté par l’inondation.
La quasi-totalité des documents administratifs et des stratégies déployées pour la gestion du risque inondation ne s’intéressent en général qu’à la pré-catastrophe (PLU, PLUI, SCOT, PPRI…) et à la gestion de crise (PCS, dispositif ORSEC…) qui sont largement médiatisées. La phase post-catastrophe reste, quant à elle, peu choisie comme porte d’entrée et d’étude (Chance et Noury, 2011) pour améliorer durablement la résilience du territoire sinistré.
Toutefois, force est de constater que la phase post-catastrophe pourrait être une fenêtre d’opportunité pour repenser territoires et sociétés dans une optique plus résiliente et de réduction de la vulnérabilité. En effet, cette phase semble jouir d’une concomitance de facteurs favorables au changement et qui pourraient jouer le rôle de catalyseurs pour enclencher de nouvelles dynamiques urbaines, comme la réactivation de la mémoire du risque, le décloisonnement entre les différents acteurs qui commencent à travailler en étroite collaboration ainsi que la mobilisation de fonds monétaires exceptionnels pour la reconstruction.
C’est dans cette optique que l’action 1.1.17 du PAPI de la Seine et de la Marne franciliennes s’est donnée comme objectif de réaliser une thèse sur la reconstruction post-inondation des réseaux critiques pour identifier les leviers nécessaires à mettre en place afin de reconstruire de manière plus résilientes et moins vulnérables les réseaux structurants du territoires franciliens, ou ce qu’on peut appeler par le Build Back Better. Cette action vient en réponse au Plan de Gestion Des Risques Inondations (PGRI) et à la Stratégie Locale de Gestion du Risque Inondation (SLGRI) qui préconisent de « stabiliser à court terme, et réduire à moyen terme, le coût des dommages liés à l’inondation » ainsi que de « raccourcir fortement le délai de retour à la normale des territoires sinistrés ».
Cette thèse, commencée le 16 avril 2018, se donne comme objectifs de traiter les axes suivants :
Pour tout savoir sur ce qui est couvert ou non par le régime « catastrophe naturelle » et quelles sont les modalités pratiques du remboursement de vos biens :
L’Ile-de-France a connu deux crues importantes : celle de juin 2016 et celle de janvier 2018.
La crue de juin 2016, par sa rapidité et du fait de la période de l'année où elle est survenue (au printemps), a beaucoup surpris. Le mois de mai 2016 a été le plus arrosé depuis 1960, ce qui a saturé les sols en eau. Sur la Seine, cette crue est rare pour la saison, mais elle n’a pas été d’une ampleur exceptionnelle : elle a atteint 6,10 m à l’échelle d’Austerlitz contre 7.32m en 1924 et 8,62 m en 1910.
Par contre, cette crue a bien été exceptionnelle sur un affluent de la Seine appelé le Loing. À Nemours par exemple, les niveaux atteints en 2016 (4,60 mètres) ont même été bien supérieurs à la crue centennale de janvier 1910 (4.25 mètres).
En 2018, la crue de la Seine a été plus importante que celle de 2016, mais sa hauteur a été réduite d’environ 65 cm à Paris Austerlitz (et 75cm à Gournay sur Marne sur la Marne) grâce au stockage d’une grande quantité d’eau par les 4 lacs réservoirs situés en amont du bassin.
Comme ce fut le cas par le passé, la Seine pourra donc connaître à l'avenir des crues plus importantes que celles de 2016 et 2018.
Habiter en étage ou dans les hauteurs donne le sentiment d’être protégé-e de l’eau et donc de l’inondation. Et, effectivement, si vous habitez au 3ème, 5ème ou 12ème étage ou sur la butte Montmartre, vous n’aurez jamais directement les pieds dans l’eau.
En revanche, quel que soit l’étage où vous habitez et même si votre logement se situe à plusieurs kilomètres du fleuve, vous serez potentiellement touché par les effets de l’inondation :
Pour les crues rapides, typiques du Sud de la France, il est effectivement conseillé de ne pas aller chercher ses enfants à l’école. L’eau peut monter en quelques minutes seulement et les parents peuvent se mettre en danger en voulant aller récupérer leurs enfants à pied ou en voiture.
Sur notre territoire en revanche, les crues de la Seine et de la Marne sont beaucoup plus progressives : leur pic n’est atteint qu’au bout de plusieurs jours. Les établissements scolaires seront donc fermés bien avant d’être inondés – et les parents en seront avertis 1 ou 2 jours avant.
On confond souvent les conduites à tenir en cas d’inondation ici, en Ile-de-France, avec ce qu’il faut faire dans le Sud de la France. Il s’agit pourtant de deux situations très différentes.
Cette cinétique lente fait qu’il y a très peu de risques qu'une personne soit emportée par l'eau directement. En toute logique, il ne sert donc à rien de monter se réfugier dans les étages.
Vous serez averti-e de la montée des eaux entre 24 et 72h à l’avance. Il faudra en revanche vous préparer à évacuer votre logement pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.