
Description
Un sondage, réalisé fin 2024 par IPSOS auprès de 2000 Franciliens pour l’EPTB Seine Grands Lacs, a donné de nombreux enseignements sur l'état de la culture du risque inondation en Île-de-France. Aujourd'hui, diriez-vous que vous habitez en zone inondable ? En cas d'inondation, quelles seraient les conséquences les plus probables chez vous ? Avez-vous pris des mesures ou envisagez-vous de prendre des mesures contre les inondations ? Autant de questions posées lors du sondage, dont les réponses nous permettront d'ajuster notre stratégie de sensibilisation au risque.
Pourquoi un tel sondage en 2024 ?
Plusieurs éléments expliquent l'importance de ce sondage :
- Déterminer l’état de la culture du risque inondation en Île-de-France en 2024 ;
- Comparer ces résultats avec les données des sondages déjà effectués en 2017 et 2018 ;
- Répertorier les idées reçues des Franciliens sur les inondations ;
- Recenser et catégoriser les profils-types / typologies de Franciliens face au risque inondation ;
- Mieux cerner les méthodes et axes stratégiques qui seront efficaces pour sensibiliser à la prise en compte du risque d’inondation en Île-de-France
Quelle méthodologie ?
Un enjeu majeur a été pris en compte dans la construction de ce sondage : que ses résultats soient comparables avec ceux des sondages effectués en 2017 et 2018. Cela assurait une bonne comparaison de l'évolution des perceptions du risque entre ces deux dates.
Un échantillon de 2000 Franciliens a été interrogé sur internet, du 21 novembre au 5 décembre 2024. Cet échantillon a été sélectionné afin qu'il soit représentatif en termes de caractéristiques socio-démographiques (âge, sexe, catégorie socio-professionnelle, département, catégorie d'agglomération, zone inondable ou non-inondable).
L'échantillon a été choisi afin qu'il soit de taille suffisante pour garantir la fiabilité statistique des résultats et un recueil mixte de données. Il a été construit avec une surreprésentation de la population résidant dans ou à proximité des zones inondables, chaque zone étant ramenée à son poids démographique réel (méthode de redressement).
Tous les détails de la méthodologie et de l'échantillon interrogé sont consultables dans les ressources en bas de page.
Une conscience du risque en baisse...
66% des sondés pensent que l’Île-de-France est exposée à un risque d’inondation de grande ampleur, contre 72% en 2018. Le sondage fait apparaître une méconnaissance de la part de nombreux sondés des types d'inondations pouvant affecter leur territoire, ainsi que de leurs occurrences. Paradoxalement, les sondés se déclarent plus inquiets sur la question du risque inondation qu'en 2018. 42% sont inquiets en 2024, contre 29% en 2018
...Avec la mémoire des dernières inondations qui s'efface
La mémoire du risque tend en effet à se dissiper, avec l'oubli des événements récents (2016 et 2018) et le renouvellement important de la population, spécificité de la région francilienne. La proportion des sondés ayant déjà vécu une inondation est de 19%, contre 24% en 2018. En outre, 64% des sondés qui habitent en zone inondable ignorent qu'ils résident en zone inondable. À cela s'ajoute une sous-estimation du temps de présence de l'eau (dix jours maximum en cas d'inondation de grande ampleur pour 79% des sondés) et de la nécessité d'évacuer. Ainsi, lorsque l'on pose aux habitants de zones inondables la question "En cas d’inondation (liée à une crue d’un fleuve ou d’une rivière), pensez-vous que vous serez amené à évacuer votre logement ?", 59% répondent "non". Ce dernier chiffre est néanmoins en baisse par rapport à 2017, lorsque 65% de l'échantillon interrogé déclaraient qu'une évacuation du logement n'était pas nécessaire.
Une volonté d'être mieux informé sur les inondations... sans volonté d'aller chercher l'information soi-même
75% des sondés souhaiteraient "être mieux informés sur les risques d'inondation de la Seine/Marne", mais 74% de l'ensemble des sondés ne recherchent pas spontanément d'information sur le sujet. Les principales sources d'information consultées sont les médias, les collectivités territoriales, ainsi qu'internet. Les Franciliens se sentent néanmoins plus nombreux à être bien informés sur les risques d'inondations de la Seine ou de la Marne (49%, contre seulement 39% en 2018).
Afin d'être informés, les Franciliens souhaiteraient avoir accès à des contenus sur les zones à risque, mais aussi sur la gestion et la préparation à la crue. Les supports d'information ludiques et visuels (vidéos, cartes interactives) et la participation potentielle à des exercices de crise sont cités préférentiellement pour s'informer sur le sujet des inondations.
Une forte confiance dans les communes pour gérer le risque
64% des Franciliens considèrent leur commune en mesure d’alerter la population à temps (54% en 2018), ou encore jugent qu’elle apporte des informations utiles sur le risque inondation (44% contre 43% en 2018). Ils comptent également sur une diffusion de messages par les pouvoirs publics pour s'informer sur le sujet. 66% font confiance aux pouvoirs publics pour "informer le grand public sur les risques et les mesures à prendre en cas de crue", contre 55% en 2018.
La méconnaissance des mesures contre les inondations : principal frein à l'engagement individuel
Le manque d’information sur les types de mesure à prendre (34% en 2024, 27% en 2018) est plus un frein à la décision que le prix des mesures (13%). Le pourcentage de sondés ayant pris des mesures ou envisageant de prendre des mesures contre les inondations est en hausse : 22% en 2024 contre 12% en 2018.
De manière générale, une grande majorité des Franciliens souhaite être mieux informée sur les bons comportements en cas d'inondation (84% en 2024, contre 80% en 2018). Il persiste une confusion dans les comportements à adopter en cas d’inondation sur le territoire francilien avec les comportements à adopter en cas de crue rapide. "Se mettre à l'abri à l'hauteur" est cité par 66% des Franciliens comme l'un des premiers gestes à faire en cas d'inondation (69% en 2018).
Typologie des profils face au risque inondation
L'institut de sondage IPSOS a apporté son expertise afin d'établir une typologie des habitants d'Île-de-France face au risque inondation, grâce aux résultats du sondage. 4 profils ont été distingués :
- Les "inconscients désintéressés", 32% de la population : à la fois convaincus d’être en sûreté chez eux et que l’Île-de-France n’est pas exposée aux inondations, ils se désintéressent du sujet. Ils sont nombreux à ne pas souhaiter recevoir d’information, à ne pas avoir pris de mesures chez eux et sont davantage d’avis que cela est du ressort des pouvoirs publics. Ils perçoivent le risque comme « faible » et pensent aussi davantage que l’on peut vivre normalement dans des zones concernées par les inondations. Les jeunes, les locataires et ceux résidant en logements collectifs sont nombreux dans cette catégorie.
- Les "observateurs lointains", 36% de la population : sensibilisés globalement mais « en surface », ils sont dans les faits moins informés dans le détail. Ils ont plutôt le sentiment de vivre dans des zones non-inondables, mais sont bien conscients du risque en Île-de-France. Ils demeurent peu inquiets et ne prennent généralement pas de mesures de prévention. Ils sont ouverts à recevoir de l’information et souhaiteraient plus d’action de la part des pouvoirs publics, dont ils sont massivement insatisfaits. Cette classe est plus âgée que la moyenne.
- Les "anxieux pro-actifs",15% de la population : ils sont parmi ceux qui vivent le plus en zone inondable, sans nécessairement en avoir fait l’expérience. Très soucieux du risque inondation, voire inquiets, ils sont pro-actifs dans la recherche d’information. Ils considèrent que se reposer sur les pouvoirs publics est insuffisant : il faut pour eux s’organiser à petite échelle, avec leurs voisins ou amis. Considérant que les pouvoirs publics informent peu ou mal, ils sont très demandeurs d’information mais aussi d’outils numériques (localisations…). Leur profil sociodémographique est proche de celui du Francilien moyen.
- Les "concernés mobilisés", 17% de la population : parmi les plus concernés, ils sont nombreux à avoir vécu des inondations. Conscients et inquiets du risque inondation, ce sont les plus actifs quand il s’agit de prendre soi-même des mesures, ou de rechercher spontanément de l’information. Ils sont aussi très au fait des différents plans et mesures existants, sont satisfaits des pouvoirs publics et sont réceptifs à de nouvelles initiatives de prévention. Ils sont nombreux chez les jeunes, les catégories populaires et les habitants de maisons individuelles.
Pour en savoir plus, consulter le document "SONDAGE 2024 - TYPOLOGIE DES HABITANTS" en bas de page.
Quelles premières leçons du sondage pour orienter la sensibilisation des Franciliens aux inondations ?
- On constate une plus grande conscience du risque inondation à l’échelle de la France par rapport au précédent sondage. En revanche, la conscience de l’exposition de l’Île-de-France au risque est plus faible => sortir des informations généralistes sur les inondations et apporter aux habitants des informations personnalisées selon leur localisation ;
- 64% des personnes inondables ignorent habiter en zone inondable => diffuser plus largement les cartographies de recherche de son exposition au risque inondation, avec renseignement de son adresse (Cartoviz, module cartographique disponible sur la homepage d'episeine.fr) ;
- 53% des sondés pensent qu’une évacuation du logement ne sera pas nécessaire. C’est 60% des habitants en zone inondable. => insister sur la durée et les conséquences indirectes des crues (perte d'électricité, transports en commun hors-service, etc.) ;
- Des habitants souhaitant être mieux informés, mais ne recherchant pas d’informations => leur "imposer" du contenu en leur diffusant de l'information grâce à l’achat d’espace sur les réseaux sociaux ;
- Peu arrivent à se projeter dans une situation de crue réelle => mettre en avant des témoignages locaux « moi en 2016, ma rue a été coupée », etc.
- La confiance dans les autorités et dans leur légitimité dans le sujet de la prévention des inondations s’est grandement améliorée depuis 2018 => campagne d’informations par les acteurs publics du risque, avec une signature claire sur les campagnes du type « un message de votre intercommunalité pour votre sécurité ».
Pour accéder au rapport complet des enseignements du sondage, consulter le document "SONDAGE 2024 - SYNTHÈSE ET ENSEIGNEMENTS" en bas de page.