Le Jour J

Différents types d’inondations peuvent toucher la région Ile-de-France : débordement direct des cours d’eau, remontée de nappe, ruissellement pluvial, rupture de murettes, etc.
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Bry-sur-Marne - cure juin 2018

Des crues lentes, longues et prévisibles….

Une inondation par débordement de la Seine est un phénomène dont les conséquences peuvent affecter durablement (plusieurs mois voire plusieurs années) l’ensemble de la région francilienne, avec des répercussions sur le territoire national.

Les crues correspondent à une augmentation de la hauteur d’eau d’un cours d’eau à la suite de pluies abondantes. La taille du bassin de la Seine (le fleuve mesure 776 kilomètres de long) et sa topographie (des reliefs à très faibles pentes) font que la montée des eaux est lente : elle peut mettre plusieurs jours avant d’atteindre son pic. Les populations peuvent ainsi être alertées 1 à 3 jours à l’avance de l’arrivée d’une crue de la Seine ou de la Marne. Le caractère prévisible de ce phénomène rend le risque humain direct beaucoup plus faible que dans le Sud de la France par exemple où les crues sont très rapides (faible longueur et largeur des cours d’eau, relief plus escarpé…).

En revanche, la cinétique lente provoque des durées de submersion très importantes : l’eau peut mettre plusieurs semaines avant de regagner son lit. En 1910, l’eau est restée deux mois sur le territoire !

La durée des crues : l'exemple de 1910
La durée des crues : l'exemple de 1910
 

…mais susceptibles d’affecter un très vaste territoire…

La région Ile-de-France est le territoire français le plus exposé au risque inondation. Poumon économique et centre de décision politique du pays, il accueille plus de 12 millions de personnes, dont 850 000 habitent directement en zone inondable.

Carte des zones inondables par débordement et ruissellement en Ile de France
Carte des zones inondables par débordement et ruissellement en Ile de France
 

 

Les enjeux liés aux inondations se sont largement développés au cours des siècles pour diverses raisons :

  • La perte de la mémoire du risque couplée à la pression foncière élevée ont conduit à une urbanisation croissante et souvent non adaptée (logements, équipements publics, entreprises, infrastructures…) en zones inondables,
  • une grande partie des réseaux (transports, télécommunication, électricité, chauffage urbain…) est désormais enterrée et donc particulièrement vulnérable aux inondations,
  • l’interdépendance des réseaux (lorsque le réseau électrique ne fonctionne plus, ce sont tous les réseaux qui tombent les uns après les autres), des hommes (par exemple, la plupart des personnes n’habitent pas là où elles travaillent. Elles prennent les transports en commun ou un véhicule pour se rendre au travail) et des territoires (la nourriture consommée par les Val de Marnais n’est pas produite uniquement dans le Val-de-Marne par exemple) est extrêmement forte. 

Pour toutes ces raisons, notre territoire est beaucoup plus vulnérable aujourd’hui que par le passé. Et, au-delà des zones directement inondées, c’est bien l’ensemble du territoire régional qui est potentiellement concerné par les effets d’une crue majeure. Plusieurs millions de personnes pourraient ainsi subir des coupures d’électricité, d’eau potable ou d’assainissement. Les services à la population (écoles, hôpitaux, gestion des déchets, etc.), les transports et les entreprises seraient aussi fortement perturbés par des coupures de réseaux, des difficultés d’accès ou d’approvisionnement.

Carte des zones de fragilité électrique (en orange) en Ile-de-France
Carte des zones de fragilité électrique (en orange) en Ile-de-France
 

 

…pendant plusieurs mois voire plusieurs années.

Les dégâts occasionnés par une crue majeure se font ressentir sur la durée.

A court terme, il faut nettoyer et gérer les dommages matériels et les déchets produits par l’inondation. Les sols et les fondations des bâtiments sont fragilisés, car ils seront restés sous l’eau pendant plusieurs jours voire semaines. Certains bâtiments ou certaines routes devront être complètement reconstruits. Mais cela prend du temps : de nombreuses entreprises de matériaux sont elles mêmes situées sur les bords du fleuve et auront de grandes difficultés à gérer simultanément la reconstruction d’une quantité considérable de bâtiments et infrastructures qui s’étalera très certainement sur plusieurs années.

Les dégâts causés par l’eau peuvent également en entraîner d’autres : c’est ce qu’on appelle les effets domino. Par exemple, suite à la crue pourtant modérée de début 2018, la station RER de Saint Michel s’est retrouvée fermée pendant trois mois, les infiltrations d’eau ayant libéré de l’amiante contenue dans la voûte. Il a donc fallu réaliser des travaux importants avant de pouvoir la rouvrir au public.

Le temps de retour à un fonctionnement normal du territoire prendra plusieurs mois, et plus vraisemblablement plusieurs années en cas de crue majeure.

Des mesures de protection qui ne suffisent pas à mettre la région à l’abri

Suite aux crues de la Seine survenues au cours du 20ème siècle (1910, 1924, 1955, 1982…), de nombreuses mesures ont été prises pour limiter le risque d’inondation. Pour améliorer l’écoulement des eaux dans la traversée de Paris, le lit de la Seine a été creusé, les ponts ont été rehaussés, des écluses ont été reconstruites, etc.

Pour limiter ou retarder la submersion de certaines zones inondables à enjeux forts (présence de quartiers d’habitations, d’axes de communication, d’industries ou d’équipements publics…), des murettes anti-crues ont été construites le long du fleuve.

Une murette à Corbeil-Essonne (91)
Une murette à Corbeil-Essonne (91)

Ces murettes présentent des hauteurs et des niveaux de protection variables entre Paris et la petite couronne.

Elles peuvent rompre, faute d’entretien, ou être submergées (si la crue est plus importante que le niveau de protection prévu), et elles ne protègent pas des inondations par remontée de nappe.

La vanne secteur de Joinville-le-Pont dans le Val-de-Marne a été Installée en 1933 au sein de l’écluse de Saint-Maur-des-Fossés et a fait l’objet d’importants travaux de rénovation en 2016 et 2017. En cas de crue de la Marne, elle permet d’abaisser jusqu'à 40 cm la hauteur d'eau.

Mis en service entre 1949 et 1990, 4 lacs réservoirs artificiels permettent de réguler le niveau de la Seine en stockant une partie des eaux de crue en hiver et en relâchant une partie des eaux en été. Un cinquième ouvrage (Le site pilote de la Bassée) est d’ailleurs en cours d’étude et compléterait d’ici 2023 le dispositif existant.

Le fonctionnement d'un lac-réservoir (sous-titrée)

 

Pendant la crue de janvier 2018, les lacs-réservoirs ont permis de réduire la hauteur d’eau à Paris Austerlitz et Gournay-sur-Marne de 65 cm !

L’efficacité des lacs reste néanmoins limitée par leur capacité de stockage, la localisation des pluies (si les précipitations se produisent principalement entre les lacs et Paris, comme en juin 2016 par exemple) et la période au cours de laquelle se produit la crue (au printemps et en été, les lacs sont plein pour limiter la sécheresse).

L’inondation est l’affaire de tous !

Malgré les progrès techniques, il n’existe aucune solution miracle pour empêcher une crue de se produire. Nous devons donc nous préparer à vivre avec ce type d’évènement en essayant de minimiser ses conséquences  à l’échelle individuelle et collective. Les effets directs et indirects seront tel que l’ensemble de la population francilienne sera concerné par une inondation majeure. Au regard de l’ampleur des dégâts et des moyens humains et matériels limités, les autorités ne pourront pas s’occuper de tout le monde en même temps. Elles se chargeront en priorité des personnes les plus vulnérables comme les personnes âgées, isolées ou handicapées, ou les familles avec de jeunes enfants. Le reste de la population devra être le plus autonome possible pour ne pas surcharger les autorités et faire preuve de solidarité avec leurs proches et leur voisinage.

Parce que la solidarité et l’autonomie s’anticipent et se préparent, episeine.fr vous permet de découvrir les conseils et les comportements qui vous permettront de savoir quoi faire avant, pendant et après la crue.