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Jacques Faye répond aux questions d'Episeine relatives à la sauvegarde des biens culturels.
Jacques Faye

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Comment définiriez-vous la notion de bien culturel ?

La notion de bien culturel renvoie à la notion de patrimoine culturel. Alors, on pense tout de suite aux formes bâties, bien entendu. Mais, des archives, des biens enterrés, tout ce qui est archéologique fait partie du patrimoine culturel… sans compter les dimensions immatérielles :  les langues régionales et la gastronomie d’un terroir sont aussi du patrimoine ! Bien sûr dans le cas du risque inondation, ce sont les biens matériels qui sont menacés.
Par ailleurs, ce patrimoine est communément hiérarchisé :  Il y a des biens dits locaux, ou nationaux, ou du patrimoine mondial… De quoi parle-t-on exactement ? Un lavoir local est aussi un bien culturel, en plus d’avoir une fonction pratique : on y lavait le linge.
Et puis, il y a le bien personnel : l’album de photos, c’est le patrimoine de la famille, et un patrimoine souvent irremplaçable.

A-t-on une idée de la valeur des biens culturels en Ile-de-France ?

Le bien culturel, c’est ce qui n’a pas de valeur monétaire. Ou alors, la valeur de reconstruction. C’est inestimable et pas assurable, et d’autant plus précieux. Ce qui veut dire que sa protection est d’autant plus importante. L’assurance ne permet pas de refaire le bien, contrairement à certains sites industriels par exemple. Et puis, la reconstruction d’un patrimoine culturel pose énormément de problèmes. Il suffit de voir tous les débats autour de Notre-Dame : on refait à l’identique ? ou l’on marque notre époque ?

Où en sommes-nous pour la protection des biens culturels face au risque d’inondation ?

Pour l’instant, ce risque est assez faiblement pris en compte… C’est pour cela qu’une initiative comme Episeine est la bienvenue. Cela pourrait permettre, entre autres, d’évaluer systématiquement l’exposition du patrimoine aux inondations… ce qui serait tout à fait conforme à la Directive européenne de 2007, qui demande aux états membres de prendre en compte la gestion des inondations et de leurs conséquences dommageables sur la santé humaine, sur l’économie, l’environnement, le patrimoine… Cette directive faisait suite aux inondations de Prague et de Dresde, deux villes chargées d’histoire, ce qui n’était pas un hasard.

Y a-t-il une vulnérabilité particulière au patrimoine ?

Penser « sauvegarde du patrimoine culturel » induit de modifier la façon de penser le risque inondation et sa prévention. Classiquement, le risque est évalué par le croisement de l’intensité du phénomène et de l’importance des enjeux. Mais dans les faits, les acteurs raisonnent trop souvent en fonction de l’intensité de l’alea : crue décennale, centennale etc… Ce qui ne fonctionne pas ainsi pour la préservation des biens culturels. On peut avoir une inondation de faible intensité dans un lieu très chargé d’histoire – et dans ce genre de site exceptionnel, même une petite inondation peut avoir des conséquences dramatiques.

Alors, que faut-il faire ? et qui doit faire ?

Préparer les consciences au fait qu’ils vont avoir à gérer des situations exceptionnelles et qu’ils doivent savoir comment agir. Nous sommes déresponsabilisés :  l’incendie de ma maison ce n’est pas moi, c’est le problème des pompiers ; l’inondation, c’est à la Préfecture de s’en occuper etc. Cette culture française de la délégation est l’une des causes essentielles de la vulnérabilité des biens culturels.

D’autant plus que l’Etat ne pourra pas tout faire en cas de grande crue en Ile-de-France.

Il ne faut pas oublier que, si l’on reprend l’exemple de Notre-Dame, il n’y avait pas de personnes à évacuer… Ainsi les 400 pompiers ont pu se consacrer à la sauvegarde des œuvres. Mais les pouvoirs publics ne pourront pas évacuer tous les biens culturels en cas de crue, et la sauvegarde des personnes sera prioritaire de toute façon.
Il ne faut pas se limiter à une logique d’évacuation. Il faut réfléchir à la mise en sûreté des biens, prévoir des locaux de confinement pour mettre à l’abri.
Et puis, surtout, il faut se préparer. Si ça arrive, comment on réagit ? Cela veut dire faire des exercices, répéter les gestes et les actions.

Comment on sensibilise au mieux à cette préservation, par exemple dans le cadre d’Episeine ?

Il ne faut pas d’actions isolées, ou d’actions d’éclat. Le one shot, ne sert pas à grand-chose. Pour les biens culturels comme pour le reste, c’est une question d’éducation, il faut de la répétition, de la pédagogie, un programme dans la durée, et un chef de programme.
Il y a une réflexion intéressante à mener : comment font les pays qui vivent avec le risque et en partagent la responsabilité ? Le Japon, par exemple, avec les séismes…. Eh bien tous les ans le Japon organise un jour de la prévention du risque, pendant lequel on s’exerce, à l’école, en entreprise etc.
Il faudrait en France une journée consacrée au risque dans nos territoires. Ça existe déjà au niveau international, c’est le 13 octobre. Nous avons la journée du patrimoine, ce qu’on veut transmettre. Pourquoi ne pas faire la journée de la sauvegarde du patrimoine ; avec des événements, des exercices dans les musées…

 

Jacques Faye a été chef du bureau information préventive, coordination et prospective du service des risques naturels et hydrauliques du ministère de la transition écologique et solidaire.

 

Sources: 
« Le musée du Louvre face au risque de crue » : film présentant les mesures prises par le musée pour préserver l’établissement du risque inondation. https://www.dailymotion.com/video/x2qp2b7
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Lorsqu'une inondation est considérée comme catastrophe naturelle, les dommages causés sont couverts par un régime spécifique.
Fiche-assurances-habitant

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Habitant ou gérant d'entreprise, lorsqu'une inondation survient, chacun se tourne vers son assureur en espérant que les dommages causés par l'eau seront indemnisés.

En collaboration avec la FFA (Fédération Française de l'Assurance) et la MRN (Mission des Risques Naturels), nous avons conçu deux fiches illustrées pour vous expliquer simplement le régime spécifique Catastrophe Naturelle.

Ces documents vous permettront de mieux comprendre les modalités de couverture de l'assurance, les franchises appliquées, les délais d'indemnisation ou encore les bonnes pratiques pour être sûr.e d'être correctement indemnisé suite à une inondation.

 

Documents: 
Fiche-assurances-entreprise
Fiche-assurances-habitant
Sources: 

Un guide complet réalisé par la MRN est également disponible.

Vous pouvez également consulter le site de la FFA : https://www.ffa-assurance.fr/infos-assures/assurance-des-catastrophes-naturelles

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Sous l’autorité du maire de la ville, le rôle de ces réservistes est d’intervenir aux côtés des secours lors de catastrophes naturelles ou d’accidents industriels.
Réservistes PAPI de l’Yerres

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Dans le cadre du PAPI (Programme d'Actions de Prévention des Inondations) de l’Yerres et en partenariat avec la commune de Boussy-Saint-Antoine, le 18 avril 2019 s’est tenue pour la première fois au SyAGE (Syndicat pour l'Assainissement et la Gestion des Eaux du bassin versant de l'Yerres) une formation dédiée à la gestion des risques en cas d’inondation à destination des membres de la Réserve Communale de Sécurité Civile (RCSC) de Boussy-Saint-Antoine.

Leurs missions peuvent se traduire par exemple par l’assistance et le soutien aux sinistrés ou à la diffusion d’informations sur la conduite à tenir.

Au programme de cette formation :

  • une présentation détaillée du système de télésurveillance des eaux du bassin versant de l’Yerres ainsi que du Plan de Gestion de Crise d’Inondation (PGCI) mis en œuvre par le SyAGE ;
  • une séquence participative afin de contrer les idées reçues au sujet des inondations.

Cette rencontre a permis d’aborder plusieurs aspects et de répondre aux différentes questions des réservistes. Les bénévoles sont repartis avec un ensemble de documents sur la prévention des inondations dont un formulaire d’inscription au SIRYAC (Système d’information des riverains de l’Yerres pour l’alerte de la crue). Le SIRYAC est un outil d’information qui permet de signaler l’arrivée d’une éventuelle inondation dans votre commune.

Pour faire face aux situations de crises, plus particulièrement aux inondations, de nombreuses communes mettent en place une réserve communale de sécurité civile. A titre d'exemple, la ville d’Orléans compte à ce jour plus de 90 bénévoles au sein de sa réserve communale.

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L’incendie ce 15 avril 2019 à Notre-Dame de Paris est une désolation et nous avons assisté impuissants à cette catastrophe.
Notre Dame de Paris

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Notre-Dame de Paris : des collections sauvées par les Pompiers

L’intervention de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris a permis de sauvegarder la structure de l’édifice mais également de nombreux biens culturels. En parallèle des opérations de lutte contre l’incendie, les sapeurs-pompiers sont intervenus simultanément dans le cadre du plan de sauvegarde de l’édifice pour évacuer les collections priorisées. C’est une chance que Notre-Dame ait mis en place un plan de sauvegarde et organisé des exercices in situ de protection des collections en 2018 avec la BSPP et les sapeurs-pompiers basés au musée du Louvre.  

Un patrimoine également vulnérable aux risques d'inondations

Cette catastrophe nous en rappelle d’autres, avec cette même consternation, lorsque le patrimoine culturel est détruit ou gravement endommagé nous sommes tous concernés. Outre les incendies qui sont ravageurs, notre patrimoine est également concerné par le risque inondation, les crues dans le sud de la France et celles de 2016 et 2018 en région parisienne nous l’ont rappelé.

L’importance d’anticiper à travers un plan de sauvegarde

Si un sinistre survient malgré les actions mises en œuvre pour empêcher ou retarder sa survenance, a fortiori sur un site patrimonial, il est essentiel de réaliser en amont un plan de sauvegarde pour faciliter l’évacuation des collections et leur sauvegarde : en les priorisant (si l’on veut tout sauver on ne sauve rien !) et en anticipant l’organisation de leur sauvegarde. En cas de risque incendie, nous rappelons qu’il est primordial de partager son travail de plan de sauvegarde avec les sapeurs-pompiers.  

Une démarche lancée par l’EPTB Seine Grands Lacs en cours en Île-de-France : diagnostic inondation et plan de sauvegarde crue

L’EPTB Seine Grands Lacs a lancé une étude en 2018 afin d’identifier et mobiliser des sites conservant des biens culturels en Ile-de-France en zone inondable (Seine, Marne).

Le but de cette étude est de réaliser des diagnostics inondation (réalisés par la société Examo). Puis, d’accompagner chaque site pour la formalisation de leur plan de sauvegarde des biens culturels. Suite aux diagnostics inondations réalisés, nous les accompagnons en les conseillant lors de réunions d’étapes et en leur fournissant des trames de documents adaptés à leur besoin afin que chacun puisse réaliser un plan de sauvegarde crue adapté à son établissement.

Il est important d’anticiper : 

  • prioriser les collections selon le temps estimatif d’évacuation,
  • définir les zones de repli,
  • les cheminements d’évacuation,
  • établir des listes d’appel à volontaires,
  • estimer les besoins matériels et logistiques,
  • réaliser les achats, etc...

Un travail sur la recherche de mutualisation entre les sites sera également engagé. À l’issue de la formalisation des plans de sauvegarde, ils pourront être testés lors d’exercices.

À ce stade, la démarche porte sur 3 territoires : le 12e arrondissement de Paris, l’île de Chatou (78) et le Val-de-Marne et permet de travailler sur des typologies de bâtiments et de collections diverses : Cinémathèque Française, Eglise Saint Antoine des Quinze-Vingts, Ateliers des musées, Musée Fournaise…

 

Sources: 

Pour joindre les auteurs de l'article : Mylène FLORENTIN et Lora HOUSSAYE

Pour joindre EXAMO : www.examo.fr

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Sylvette Pierron présidente de l'IFFO-RME explique pourquoi il est important de sensibiliser les jeunes au risque inondation.
Sylvette Pierron Iffo-Rme

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Quelle est votre mission ?

Nous menons des actions d’information et d’éducation à la prévention des risques majeurs auprès des jeunes et du grand public. Nous intervenons principalement à travers notre réseau de formateurs, par exemple dans le cadre de la mise en place du Plan Particulier de Mise en Sureté (PPMS) dans les établissements scolaires. Ce réseau est constitué de personnes ressources formées, issues de milieux très divers, qui ont accepté de sensibiliser au sein de leur travail ou en d’autres cercles. Nous réalisons également des supports pédagogiques et nous participons régulièrement à des manifestations de sensibilisation aux risques.

Les jeunes constituent une cible privilégiée de votre action.

Construire une culture du risque, ça ne se décrète pas, d’autant plus qu’il y a chez les nouvelles générations une perte de la mémoire du risque. Les jeunes sont une cible essentielle. D’abord, car les enfants sont de bons vecteurs de sensibilisation des adultes, qu’on touche par ricochet en quelque sorte. Ensuite, car ce type de culture se construit tout au long de la vie d’un individu. Et plus l’on commence tôt, plus l’on a de chances de créer une acculturation des thématiques et des bonnes pratiques.

Comment toucher efficacement ces publics ?

Il faut commencer à évoquer la problématique chez les très jeunes puis, au fur et à mesure de la scolarité, intégrer des notions de plus en plus complexes. La meilleure façon de faire consiste à les intéresser, à leur donner envie de… Les outils doivent être ludiques, mais également  pédagogiques. Il ne s’agit pas seulement de les amuser, mais de leur donner à connaître et à réfléchir. Il faut que cela soit gai, que les messages soient clairs et que cela les interpelle sur les comportements qu’ils doivent avoir.

Comment mobiliser des individus pour les conduire à s’engager dans la sensibilisation au risque ?

Les gens ne s’engageront pas dans leur milieu professionnel s’il n’y a pas une urgence au sein de leur structure. En revanche, la sphère familiale, ça les touche. L’on peut également faire appel à des valeurs citoyennes, telles que la solidarité, qui est un concept fédérateur. Mais en  période « normale », les gens ont d’autres soucis. De surcroît, le risque terroriste a compliqué la tâche des acteurs de la sensibilisation aux risques ; c’est maintenant un axe prioritaire.

Comment faire pour que la sensibilisation / formation d’acteurs conduise à un véritable engagement ?

Le problème est d’éviter d’avoir de la perte en ligne. Manifester de l’intérêt pour la problématique est une chose, s’engager dans la durée en est une autre. A l’IFFO-RME, on essaye de les suivre, de les intéresser, de ne pas les lâcher. On sème, mais on ne sait pas ce qu’on va  récolter… Pour vous donner un ordre de grandeur, nous avons formé plus d’un millier de personnes à l’IFFO-RME ; il y en a encore 500 qui sont mobilisables ; et entre 150 et 200 d’entre eux ont adhéré à l’IFFO-RME.

Que pensez-vous du dispositif EPISEINE ?

Il était indispensable qu’une telle initiative soit menée par un acteur comme l’EPTB. EPISEINE dispose de moyens pour créer un certain nombre d’outils / actions, que nous n’avons pas. Nous avions déjà eu cette idée avec Jacques Faye dans les années 90. On voulait mettre en place une Maison des Risques Majeurs ouverte au public, mutualiser tout ce qui existe, s’installer dans un espace fédérateur. On aurait pu y faire des conférences, des événements… mais cela ne s’est pas fait car nous n’avions pas assez de moyens. En revanche l’EPTB a la capacité requise.

Y aurait-il des coopérations possibles avec EPISEINE ?

Mener des actions communes avec EPISEINE serait très positif. Par exemple, former un agent de l’EPTB qui serait intégré au dispositif EPISEINE, et dont l’une des tâches serait d’être en contact régulier avec l’IFFO RME. Par cette personne ressource, EPISEINE pourrait communiquer efficacement sur les actions de l’IFFO-RME et réciproquement l’IFFO-RME pourrait relayer des informations concernant l’EPTB. Il faut mettre en synergie nos potentialités, y compris avec d’autres acteurs, la DRIEE, le Ministère etc. Il faut que cette mise en synergie soit beaucoup plus large que le « noyau dur » des acteurs de la prévention du risque. Beaucoup d’acteurs peuvent être sollicités, par exemple Météo France. Il faut montrer les bonnes pratiques, échanger, confronter et coopérer.

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Pour la deuxième année consécutive, la ville de Paris organisait l’événement Paris qui sauve les 30 et 31 mars 2019.
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Cet événement était l’occasion de proposer près de 40 ateliers et une quinzaine de conférences autour de la santé et du secours sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris. Plusieurs milliers de franciliens et quelques touristes ont pu, notamment, s’initier aux gestes qui sauvent, participer à des jeux et ateliers autour de la nutrition, mais aussi s’informer sur le risque inondation en Ile-de-France grâce au stand Episeine, qui disposait de différents outils aussi pédagogiques qu’interactifs. Tandis qu’une grande carte au sol permettait de repérer si son domicile se trouvait en zone inondable, la maquette sandbox offrait l’opportunité de créer une inondation et d’en mesurer les conséquences.
Adultes et enfants présents sur le stand d’Episeine ont montré un fort intérêt pour la thématique de prévention des inondations, que ces derniers se situent en zone inondable ou qu’ils soient touchés de plus loin, dans une démarche de solidarité.

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Jean-Baptiste Ferrero, directeur de la communication du SYAGE, partage sa vision de la sensibilisation du public et des élus au risque inondation.
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Quel est votre parcours et quelle est votre vision en matière de communication sur le risque ?

Je suis essentiellement un homme de communication. Philosophe de formation, j’ai travaillé dans la communication d’entreprise, en particulier aux Hôpitaux de Paris, et comme consultant management en communication. J’ai intégré le SYAGE en 2012, pour participer à une cause qui m’intéressait. Je crois fondamentalement au lien, il faut remettre de l’humain et du bon sens dans des organisations énormes et un brin déshumanisé. Le discours scientifique et institutionnel est remis en cause, tout ce qui est politique est suspect par nature. Il faut s’adresser au citoyen d’une manière intelligible et crédible.

Quand on parle d’inondation, on parle de ce qui fait peur ? Comment contourner cela ?

Il faut substituer la peur à l’angoisse. L’angoisse c’est de l’imaginaire, et l’on est démuni face à cela. La peur, c’est une réaction normale, mais l’on peut agir. Il ne s’agit pas de dire ne « vous inquiétez pas », mais « agissez, pour qu’il y ait le moins de conséquences possibles lorsque la crise surviendra ».

Que faire pour changer les comportements et construire une culture du risque ?

Redonner la main au citoyen, lui donner la possibilité et l’envie d’agir et puis le responsabiliser. Se tourner vers le citoyen pour lui donner une vision claire de ce qui va se passer : des actions pédagogiques, informatives, et de sensibilisation. Mais remettre le citoyen au centre, c’est aussi le responsabiliser. Il faut qu’il comprenne qu’il est acteur de sa sécurité. Chacun, à différents niveaux, peut avoir une action vertueuse en regard du risque.

Quelles sont les actions les plus efficaces selon votre retour d’expérience ?

En matière de pédagogie, donner beaucoup de conseils opérationnels (en plus des bases théoriques). Par exemple : penser à mettre ses titres de propriété au premier étage… Il faut créer un « bruit de fond » de communication sur le risque. Après 2016, on s’est dit, ils vont comprendre. Ça a frémi et puis c’est retombé. La communication de crise ne suffit pas, il faut sensibiliser en continu, par des publications, par des vidéos, des pastilles sur le mode youtubeur… et puis par les réseaux sociaux. Le vecteur de communication principal en cas de crise, c’est Facebook - et dans une moindre mesure twitter… mais la communication ne se limite pas au temps de l’événement. L’e-learning peut être un outil efficace pour la mise à niveau des connaissances et pour disposer de modes de communication ludiques, et pas trop coûteux. Très intéressant également : les exercices, pour acquérir une capacité de réponse. Si les individus savent quoi faire, ils sont plus efficaces. Pour cela, il faut s’exercer, se préparer au jour J.

Comment sensibiliser les cibles dans la proximité  ?

La notion de compagnonnages, de personnes / vigies dans des quartiers, d’avoir des « sachants » bienveillants sur les territoires et dans les organisations est intéressante. Le SYAGE n’en est qu’aux prémices. Une bonne partie des riverains est constituée de parisiens expatriés. La population est récente, le tissu social s’est distendu et la culture du risque inexistante. On travaille là-dessus. Je crois à la vertu de la formation, de l’échange, du dialogue. L’arrogance consiste à penser qu’on maîtrise le contenu. Non, on maîtrise la méthodologie, ce qui est autre chose. Je crois aux échanges de pratique.

Quelle est la bonne temporalité pour communiquer sur le risque ?

La sensibilisation est une opération qui se déroule dans le temps long, face à des élus qui sont, forcément, dans un temps très court. Au milieu, le temps intermédiaire, celui des individus. L’idéal serait de sensibiliser les gens dans les mois qui suivent l’événement. Structurer des campagnes de communication dans les « temps tièdes », après les crises. Mais il faudrait dédier quelqu’un à cette tâche, ce qui nécessite de mobiliser les gens en interne. Or les personnels ont déjà été très sollicités pendant la crise. Il faudrait que cela devienne une mission à part entière.

Comment mobiliser les élus ?

Les crues récentes ont eu la vertu de leur faire prendre conscience d’un certain nombre de problèmes, mais cette prise de conscience est très diversifiée selon les élus. Il y a des phénomènes de déni, liés à la crainte d’affoler la population ou de dévaloriser l’attractivité. Un autre problème est celui des responsabilités et des périmètres, de la multiplicité des intervenants qui peut produire un déficit de définition des choses et de communication. Il faut que tous les acteurs se coordonnent et communiquent, échangent très vite des infos, car maintenant avec les réseaux sociaux, on peut se retrouver à gérer des fakes news pendant l’inondation.

Que pensez-vous du dispositif Episeine ? Y aurait-il des coopérations possibles ?

Je trouve cela intéressant qu’il y ait un lieu où échanger des pratiques, et donc apprendre. Tout ce qui peut offrir un lieu commun, un temps partagé est précieux. La mutualisation est aussi une piste intéressante, afin de ne pas  refaire ce qui existe déjà…. partager les réussites, mais aussi les échecs. Apprendre, se remettre en question, confronter ses idées et ses pratiques... car on se sclérose très rapidement. Il est important également d’avoir un discours commun. Il faut communiquer de manière concertée.

Commet procéder pour mutualiser les outils des différents acteurs ?

Je ne crois pas à une mutualisation généralisée des outils, chacun voudra mettre sa marque et garder son identité. On ne peut pas échapper à une forme de « chauvinisme des structures ». L’important c’est la mutualisation des idées. Il faut éviter une cacophonie du sens, avoir un langage et des messages communs. J’ai l’impression que depuis 5 / 6 ans, cela commence à se structurer, à se caler un peu, mais il y a encore du travail.

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À ce jour, le lien entre changement climatique et augmentation des crues sur le bassin de la Seine n'est pas avéré. En revanche, le changement climatique aura un impact sur la fréquence et la sévérité des sécheresses. On vous explique pourquoi.
Lac réservoir en période d'étiage © Delphine Bizouard

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Les enjeux associés à la ressource en eau : prélèvements et qualité de l’eau

Le bassin-versant de la Seine à Paris, d’une superficie de 43 800 km², est caractérisé par une forte tension sur la ressource en eau. Les besoins pour satisfaire les prélèvements d’eau sont considérables.

  • 70% de l’alimentation en eau potable de la région parisienne (plus de 6.5 millions de personnes) provient directement de prélèvements dans les grandes rivières ;
  • une centrale nucléaire (Nogent-sur-Seine) et une centrale thermique (Porcheville) utilisent l’eau de la Seine pour leur refroidissement ;
  • de nombreux industriels utilisent l’eau des grandes rivières pour assurer le refroidissement de leurs installations et la dilution de leurs rejets ;
  • maintien d’un niveau suffisant pour alimenter les canaux et assurer la navigation ;
  • enjeu pour la qualité des milieux :
    • assurer la dilution des rejets ;
    • éviter les tensions sur la température de l’eau,
    • éviter les conséquences de l’augmentation de la température de l’eau sur la vie piscicole.

Ces prélèvements dans les eaux de surface représentent plus de 2 milliards de m3 chaque année.

Par ailleurs, avec la présence d’une agglomération telle que la métropole parisienne, les enjeux liés à la dilution des effluents des stations d’épuration représentent un enjeu important pour la qualité des eaux et le respect de la Directive cadre sur l’eau. Les enjeux de navigation sont également majeurs, pour le loisir fluvial comme pour le transport du fret, principalement sur le secteur à grand gabarit situé en aval de Bray-sur-Seine. Enfin, les activités de tourisme et celles liées à l’agriculture, qui toutes deux ont surtout besoin d’eau pendant les périodes estivales nécessitent aussi des débits minimums en rivière.

Quels effets attendus du changement climatique sur le bassin de la Seine ?

Les divers projets de recherche, qu’ils soient internationaux avec le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), ou français avec les projets de recherche RExHYSS, EXPLORE 70 ou CLIMAWARE qui ont modélisé l’effet du changement climatique sur le bassin de la Seine, confirment l’augmentation future de la fréquence et de la sévérité des étiages.

Les projections du climat futur permettent de caractériser les incidences prévisibles du changement climatique à l’horizon 2050 à 2100 :

  • Augmentation de la température de l’air de 2 à 3°C, et de l’évapotranspiration ;
  • Diminution des pluies estivales, avec pour conséquence :
    • Diminution des débits d’étiages (débit faible en été) de l’ordre de 40 % et jusqu’à 60 % localement ;
    • Rabattement des niveaux de nappe (jusqu’à moins 10 mètres localement) ;
    • Augmentation de la température de l’eau.

Une tension accrue pour les usages de l’eau et l’environnement

Ces effets attendus du changement climatique sur l’augmentation probable de la fréquence et de l’amplitude des périodes de sécheresse hydrologique, dans un bassin où les ressources en eau sont déjà fortement mobilisées, risquent de se traduire par des tensions accrues sur les usages multiples de l’eau et constitue un défi sociétal majeur dans tous les domaines : environnemental, économique, social, culturel, sanitaire, etc.

Actions de l’EPTB Seine Grands Lacs pour anticiper ces changements

Dans ce contexte, l’EPTB a lancé une étude destinée à caractériser et si possible quantifier le risque d’étiages sévères, y compris dans l’optique du changement climatique global, ainsi que son impact sur la qualité environnementale des milieux et sur la vulnérabilité des activités socio-économiques liées à l’eau du bassin. L’objectif de cette approche est d’identifier des pistes d’amélioration possible de la gestion des ressources en eau sur ce territoire, via notamment des évolutions potentielles de la gestion des lacs-réservoirs.

Les résultats finaux sont attendus pour 2020.

Les courbes de gestion des volumes des lacs-réservoirs disponibles pour le soutien d’étiage sont d’ores et déjà fréquemment adaptées pour permettre d’alimenter en eau le bassin de la Seine et de ses affluents sur une période de plus en plus longue. Réglementairement prévu du 1er juillet au 1er novembre, le soutien d’étiage depuis les lacs-réservoirs a été prolongé pour la quatrième année consécutive en 2018, et a été assuré jusqu’au 4 décembre.

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A l’occasion de la 6e édition de PLOUF, événement annuel de sensibilisation des enfants au risque inondation porté par la Préfecture de Police, une version itinérante a fait son apparition en 2019.
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Le 28 janvier, près de 120 élèves d’une école parisienne ont notamment participé à un quizz animé par l'équipe Episeine, leur permettant de s’informer sur le risque inondation en Ile-de-France de manière aussi pédagogique que ludique !

Ainsi, à travers l'adaptation du jeu de société  "Crue et d'eau", les écoliers ont appréhendé cette problématique et ses conséquences à l'échelle de leur logement, de leur famille et de leur ville. Ils ont également appris les comportements à adopter avant, pendant et après l'inondation. Une remise de prix a clôturé ces ateliers et récompensé les 12 gagnants.

Ensemble, la Préfecture de Police, l’EPTB Seine Grands Lacs, le Rectorat de Paris, l’IFFORME et Veolia continuent de mobiliser leurs expertises respectives pour familiariser les jeunes franciliens au risque inondation.

Une nouvelle journée PLOUF itinérant est d'ailleurs déjà prévue le lundi 15 avril 2019 dans une école du 13e arrondissement de Paris.

Documents: 
Quiz Crue et d'eau
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Si vous aussi, vous pensez qu’en cas d’inondation, les objets qui vous seront le plus utile sont votre maillot de bain et vos lunettes de plongée, faites le test !
sac_ok

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Une inondation est annoncée par les autorités, il faut évacuer votre logement pour plusieurs semaines : que faut-il emporter prioritairement avec vous ?

 

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Documents: 
Récapitulatif_sac-de-secours