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En Île-de-France, 60 000 entreprises pourraient être directement inondées en cas de crue majeure et près de 100 000 entreprises supplémentaires pourraient subir des interruptions de fonctionnement des réseaux.
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Description

Des entreprises franciliennes très vulnérables au risque d’inondation

L’activité d’une entreprise peut être stoppée temporairement voire définitivement, même si elle n’est pas localisée en zone inondable :
  • Des problèmes de transports peuvent par exemple empêcher les employés de se rendre au travail, ou retarder les délais de livraison. 
  • Des coupures de réseaux (électricité, télécommunications - internet, eau potable, chauffage, assainissement…) peuvent obliger l’entreprise à stopper sa production et/ou son activité. 
  • Si des fournisseurs ou des sous-traitants se retrouvent inondés, cela peut également mettre en péril l’activité de l’entreprise.
Les TPE/PME, qui représentent une large majorité des entreprises franciliennes, sont particulièrement vulnérables au risque d’inondation. Faute de moyens humains et financiers, elles sont bien souvent moins sensibilisées et moins préparées à ce type de d’évènement que les grands groupes.

Que faire à minima pour réduire ma vulnérabilité si je suis une entreprise ?

Si vous n’avez que peu de temps à consacrer à ce sujet, nous vous invitons à :
 

1. Vous renseigner pour savoir si votre entreprise se situe ou non en zone inondable, en contactant votre mairie ou en allant sur Episeine.fr. Afin de savoir si votre entreprise est concernée par des fragilités réseaux en cas d'inondation (électricité, gaz, assainissement, chaleur urbaine), renseignez son adresse dans cette cartographie de l'Institut Paris Région et activez le bouton "fragilité des réseaux".

2. Vérifier votre contrat d’assurance : avez-vous une garantie contre les pertes d’exploitation ? Avez-vous actualisé le montant des biens garantis ? 

Une couverture assurantielle couvre les pertes des biens déclarés par l’entreprise et endommagés directement par l’eau. Mais elle ne couvre pas automatiquement les pertes d’exploitation liées à des impacts indirects, comme une coupure d'électricité par exemple.

N’oubliez pas d’actualiser régulièrement le montant de vos biens assurés auprès de votre assurance, car c’est sur cette base que vous serez indemnisé en cas de sinistre. Pour connaître les spécificités de la couverture assurantielle lorsqu'une inondation est considérée comme catastrophe naturelle, consultez notre fiche récapitulative conçue avec la FFA (Fédération Française de l'Assurance) et la MRN (Mission des Risques Naturels)

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3. Connaitre les moyens d’information et d’alerte en cas de crue : votre mairie, votre Préfecture, le site Internet Vigicrues, la radio (France Bleu), etc. 

Quels outils opérationnels mobiliser si je souhaite aller plus loin dans ma démarche ? 

Pour vous préparer au mieux à faire face à la prochaine inondation, vous pouvez :
 
1. Réaliser (ou faire réaliser via un prestataire spécialisé) un diagnostic de vulnérabilité qui vous permettra notamment de définir :
  • la hauteur d’eau potentielle et les points d’entrée d’eau dans votre bâtiment ;
  • les impacts potentiels directs et indirects sur vos outils de travail et votre activité ;
  • les mesures structurelles (achat de matériel, protection ou déplacement d’installations sensibles, création de zone de stockage, etc.) et organisationnelles (procédure de veille, création d’une cellule de crise, formation d’agents, etc.) à mettre en place en fonction d’une analyse coût-bénéfice. 
Un guide d’auto-diagnostic de vulnérabilité de votre entreprise conçu par l’État est disponible. Il précise des prix indicatifs des équipements et travaux de réduction de vulnérabilité au risque d'inondation.
 
2. Réaliser un plan de continuité d’activité (PCA) qui vous permettra de maintenir l’activité de votre entreprise en "mode dégradé" et revenir à la normale le plus rapidement possible. 
Ce plan pourra vous être utile pour une inondation comme pour d’autres risques (incendie, tempête, épidémie…). Vous retrouverez dans notre dossier dédié au PCA toutes les informations sur la démarche.
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Pour le concevoir, il faut :
  • définir les missions/activités stratégiques à maintenir : la production doit continuer à être assurée, alors que la prospection peut être stoppée ponctuellement, par exemple ;
  • déterminer les ressources indispensables au maintien de ces missions : qui ? où ? comment ?
  • organiser le PCA : trouver un site de repli, prévoir du télétravail, envisager une alimentation électrique autonome, etc.
Une fois le PCA réalisé, il est essentiel de le faire vivre et de le tester le plus régulièrement possible en réalisant des petits entrainements. Enfin, après le déclenchement du PCA, il est important de réaliser un retour d’expérience : analyser ce qui a fonctionné et ce qui doit encore être amélioré. 
Sources: 

1 - Renseignez une adresse dans cette cartographie de l'Institut Paris Région pour savoir si elle se situe en zone inondable et si elle est concernée par des fragilités réseaux

2 - Consultez et téléchargez notre fiche récapitulative sur la couverture assurantielle CAT-NAT (catastrophes naturelles)

3 - Pour plus d’informations sur le PCA, rendez-vous sur notre dossier dédié ou sur le site de l’EPTB Loire. Un guide méthodologique d’élaboration du PCA est également disponible sur le site du gouvernement.

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Rencontre avec Benjamin Gorget, chef de projet du plan de protection risque inondation à la RATP, qui présente les différentes actions engagées par l'opérateur depuis plusieurs années pour réduire la vulnérabilité de son réseau.
Travail de maçonnerie

Description

Vidéo PPRI de la RATP
 

Avec cent-quarante kilomètres de voies inondables sur trois-cent-vingt, protéger les installations techniques et le réseau souterrain de métro et de RER contre les inondations est un enjeu de taille pour la Régie autonome des transports parisiens qui assure plus de dix millions de voyages par jour. Rencontre avec Benjamin Gorget, chef de projet du plan de protection risque inondation à la RATP, qui présente les différentes actions engagées par l'opérateur depuis plusieurs années pour réduire la vulnérabilité de son réseau.

Un opérateur historiquement impliqué dans la prévention du risque inondation

La construction du réseau du métro parisien date du début du siècle. En 1910, on recensait une soixantaine de kilomètres (de la ligne 1 à 7) essentiellement concentrés entre Chatelet et Opéra, Saint-Lazare. Il s’agit du noyau central historique de convergence des premières lignes du métro parisien situé dans la zone inondable de Paris intra-muros.

À l’époque de la grande inondation de 1910, 50 % des 60 km déjà existants ou en construction ont été inondés (environ 30 km). À la suite de cette catastrophe, la compagnie du métro parisien a donc essayé de prévenir ce risque par la rédaction d’un rapport proposant des améliorations des dispositifs de pompage associé à des protections en voirie. Il s’agissait de répondre à l’inondation des tunnels observée durant cet événement.

La RATP (Régie autonome des transports parisiens) a donc hérité naturellement de cette première expérience et de ce système de pompage toujours en fonction aujourd’hui. En conséquence, c’est un des rares opérateurs à avoir pris en compte de façon très précise le risque, et ce juste après 1910. La majorité des principes de protection et des dispositifs de prévention des inondations (pompage…) datent de cette époque.

La prévention, un enjeu et une culture à entretenir

Une prise de conscience nécessaire

Depuis, ces mesures se sont formalisées dans un plan de protection du risque inondation (PPRI) appliqué avec plus ou moins de rigueur et de constance au fil des décennies.

À la fin des années 1990, la RATP a « repris » conscience de ce risque et a retravaillé le plan initialement élaboré. Une mise à jour du plan de prévention a donc été effectuée par une analyse fine des vulnérabilités du réseau. En effet, l’augmentation importante du réseau de métro et l’apparition du réseau express régional (RER), ont accentué fortement les enjeux et le risque. L’exemple de l’inondation du métro de Prague (2002) montra également l’importance des dégâts (17 km de lignes inondées) dont le coût sera estimé à trois cents millions d’euros.

Aujourd’hui, la moitié du réseau parisien actuel est menacée, soit 140 km sur les 320 km de lignes (métro et RER). Cela représenterait environ trois à quatre milliards d’euros en coûts directs concernant les réparations sur les trente milliards estimés par l’étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, 2014) : près de 10 % des coûts totaux d’une inondation en Île de France pour la seule RATP. L’enjeu est donc d’importance.

Un plan de prévention à la mesure des enjeux

Ce plan a été construit sur l’étude et l’analyse des vulnérabilités du réseau en fonction des différentes hauteurs d’eau répertoriées dans la ville de Paris suite aux inondations de 1910. Ainsi, une quarantaine de stations de la RATP sur environ trois cents est située en zone inondable. Sur ces quarante stations, plus de quatre cents points d’entrée d’eau (escalier, ascenseur, bouche de ventilation, trappe d’accès aux locaux techniques) ont été détectés. Ces points de vulnérabilité sont vérifiés systématiquement et régulièrement pour une mise à jour constante.

Pour chacun des points d’entrées d’eau, une protection contre la pénétration des eaux dans le réseau a été élaborée. Beaucoup de protections ont été inspirées par ce qui avait été fait juste après 1910, notamment par la construction de margelles de béton (blocs bétons maçonnés, shéma ci-dessous). La RATP a investi six millions d’euros dans ces matériaux de protection depuis 2000. Cela représente soixante-dix mille parpaings, mille tonnes de mortier (à renouveler car sa durée de vie est limitée), deux cent cinquante bétonnières en plus des brouettes, truelles, et taloches en quantité.

Ouvrage de protection
Ouvrage de protection
 

Le stockage s’effectue sur une plateforme logistique en dehors de Paris. Pour assurer l’exécution de ce plan en cas d’inondation, des personnels ont été et sont formés régulièrement et spécifiquement à ce type de montage pour chaque site vulnérable, soit 800 à 1000 agents mobilisables pour construire ce type de protections maçonnées. Le montage de ces petits ouvrages de protection se fait sur plusieurs étapes en fonction de la menace et du niveau d’eau prévu de la Seine. Ces protections sont composées de deux murs de parpaings maçonnés entre lesquels on verse du béton liquide (de 20 cm à 1,50 m de hauteur) renforcé par une charpente de bois au milieu.

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Protection avec des batardeaux en aluminium
 

Depuis quelques années, de nombreux dispositifs innovants sont apparus pour renouveler ces protections faites de parpaings. Notamment en Angleterre et en Allemagne, les batardeaux en aluminium amovibles verticaux ou plans inclinés sont devenus des dispositifs très avantageux . En effet, après la construction d’une assise sur la voirie, ces dispositifs peuvent être mis en œuvre très rapidement sans aucune formation spécifique. Ils sont très légers, démontables et réutilisables (quarante-cinq minutes à deux heures de montage avec un personnel non expérimenté, contre sept à huit heures pour un ouvrage en parpaings avec un personnel formé). De plus, ils peuvent être stockés sur place dans la station.

Ces systèmes ont été développés en Allemagne et en Angleterre notamment, dont certaines régions ou villes subissent des inondations très fréquentes.

Une organisation dédiée à la gestion de crise 

Depuis 2002, une cellule de trois personnes se consacre à la détection de la vulnérabilité, à la prévention et à la gestion de la crise « inondation ». Cette cellule s’appuie sur un réseau de correspondants dans tous les départements techniques de l’entreprise. Cette cellule fait vivre le plan de prévention au sein de l’entreprise et le met à jour régulièrement.

En cas d’événement majeur, on se reporte à l’échelle de crue diffusée par le service de prévision des crues du ministère en charge de l’environnement (site Vigicrues ) qui informe en permanence sur le niveau de la Seine (prévisions à quarante-huit heures). Ce délai de quarante-huit heures est utilisé pour anticiper la venue de la crue. Les informations d’alerte de hauteur d’eau sont réceptionnées par le service centralisé de la « permanence générale » qui coordonne et gère tous les incidents du réseau.

Pendant la période à risque, entre novembre et avril de chaque année, ce service est connecté vingt-quatre heures sur vingt-quatre au site « Vigicrues ». Dès que certaines cotes d’alerte répertoriées dans le plan de prévention de la RATP sont atteintes, la « permanence générale » déclenche le processus d’alerte et coordonne l’information des personnels directement concernés.

En phase amont, l’acheminement des matériaux est enclenché, la cote de hauteur d’eau est basse pour permettre au transporteur de livrer dans les vingt-quatre heures les matériaux sur les sept zones de stockage intermédiaires déterminées dans Paris intra-muros.

En phase 0, la cote de 6,6 mètres de hauteur d’eau à l’échelle d’Austerlitz est prévue d'être atteinte sous trente-quatre à quarante-huit heures. À cette hauteur d’eau, douze stations sont recensées comme menacées, auxquelles correspond un certain nombre de points d’entrées d’eau. Le montage des ouvrages de protection est décidé. Certaines lignes de métro sont arrêtées totalement ou partiellement ; notamment le RER A et la ligne 14 seront fortement perturbées. Les autres phases sont mécaniquement déclenchées en fonction du niveau de menace. À chaque phase correspond un nombre de stations du réseau à protéger en fonction de la hauteur d’eau enregistrée et des points de vulnérabilité recensés.

Les protections sont dimensionnées en fonction des hauteurs d’eau inscrites dans la réglementation. Ainsi le PPRI de la ville de Paris demande aux opérateurs de se protéger en rapport avec les repères de niveaux d’eau correspondants à une crue centennale (modélisation à partir des débits de la Seine identiques à celui de la crue de 1910 ). La RATP prévoit une marge de sécurité de dix centimètres en plus de la hauteur de crue répertoriée de chaque station. Au-delà de cette marge de sécurité, il y n’y a plus de protection et la station est inondée. En cas de station inondée, notamment par des infiltrations, les systèmes de pompage sont déclenchés en permanence et rejettent l’eau dans le réseau d’égouts.

La remise en état des stations inondées en 1910 a duré plusieurs mois. À Prague, lors des inondations, trois ans ont été nécessaires pour une remise en état minimal. En tout état de cause, retrouver un niveau d’exploitation optimal en termes de fréquence de trafic, prendra plusieurs années en cas d’inondation de plusieurs stations, même si la remise en service en mode dégradé (circulation à vue) peut s’opérer rapidement. À New York, depuis les inondations de 2012, le niveau d’exploitation optimal n’est toujours pas atteint sur certaines lignes de métro.

Les exercices de simulation, ou la mise à l'épreuve du plan : avantages et limites

Le grand exercice de simulation « Sequana » (EU Sequana, 2016) opéré en mars 2016, se déroulait sur deux semaines : une semaine de simulation de montée des eaux et une semaine de simulation de décrue.

La RATP a participé à cet exercice de simulation de montée des eaux pendant trois jours en salle, à partir de scénarios élaborés par la Préfecture de police de Paris et par les services de la zone de défense. Le Secrétariat général de la zone de défense et de sécurité (SGZDS) organisait la coordination de tous les opérateurs en cas de crise inondation. Il injectait des événements imprévus dans le scénario et sollicitait les opérateurs pour y répondre. Cet exercice pour la RATP avait deux objectifs :

  • contrôler la bonne coordination des interfaces entre les opérateurs principaux de la RATP : Enedis, RTE (Réseau de transport d'électricité), SNCF (Société nationale des chemins de fer) et STIF (Syndicat des transports d'Île-de-France) ;
  • s'assurer du bon déroulement de la mise en place des ouvrages de protection en condition réelle (murs et batardeaux), notamment en vérifiant la clarté des instructions et l’ensemble de la chaîne logistique.

Le premier bilan de cet exercice a été très positif en interne, car il a permis l’implication de l’ensemble des départements techniques de la RATP, d’amorcer une dynamique pour la mise à jour des procédures et surtout, de maintenir à un niveau élevé la culture du risque au sein de l’entreprise.

Les limites du dispositif sont de plusieurs ordres :

  • administratifs. Les lourdeurs administratives et logistiques du dispositif actuel demeurent un point de vigilance, notamment dans la gestion et le stockage des matériaux qui représentent une logistique importante ;
  • organisationnels. En cas de métro stoppé, la gestion du service dégradé et notamment ses conséquences en matière de report sur d’autres modes de transports comme le bus, restent problématiques ;
  • financiers. Le coût des dommages est estimé à trois milliards d’euros au minimum. Cependant, le coût global est impossible à mesurer et sera bien plus important. Par exemple, comment calculer le coût de perte de production en raison de l’absentéisme dû à l’impossibilité des chauffeurs de bus ou de métro à se rendre sur leur lieux de travail (des lignes ouvertes et non inondées et non obturées seront en service dégradé de ce fait). Ainsi, la RATP travaille actuellement sur le taux d’absentéisme potentiel des chauffeurs en fonction de leur lieu d’habitation en zone inondable ou non.
Sources: 

Référence électronique 
GORGET, Benjamin, Témoignage d'acteurs - Comment un opérateur intègre la prévention du risque « inondation » dans ces activités ? Exemple de la RATP, Revue Science Eaux & Territoires, Gestion du risque inondation : connaissances et outils au service de l'aménagement des territoires, numéro 23, 2017, p. 22-25, 30/05/2017. Disponible en ligne 

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Comment sont suivies les nappes souterraines de Paris en période de crue ?
Tendance de l'évolution des niveaux de nappes 2018

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Le rôle de l’Inspection Générale des Carrières

L'inspection Générale des Carrières (IGC) est en charge de la gestion des risques liés aux anciennes carrières et à la dissolution du gypse ante-ludien à Paris et dans la plupart des communes de la petite couronne. Ce service est chargé de recenser et de cartographier les anciennes carrières, ainsi que de surveiller et consolider les vides situés sous le domaine public. Depuis 1978, le service suit un réseau de piézomètres qui mesure le niveau des nappes souterraines peu profondes dans la capitale. Les informations recueillies servent, entre autres, à élaborer des cartes relatives au risque d’inondation liées à la Seine. De plus, elle conduit des études générales à caractère géologique, hydrogéologique et géotechnique, seule ou en partenariat avec des organismes de recherches.

Un suivi permanent des nappes renforcé en période de la crue : l’exemple des crues du printemps 2016 et de janvier 2018

L’IGC dispose d’un réseau de 280 piézomètres répartis sur l’ensemble de Paris permettant de suivre l’évolution des niveaux des nappes. En période normale, la brigade de l’IGC organise plusieurs tournées mensuelles pour mesurer manuellement les niveaux, en complément des 23 ouvrages équipés d’un système de suivi automatisé. Ce suivi est renforcé lors des épisodes de crue pour anticiper et suivre la montée de nappes en lien avec la montée du niveau de la Seine. Ainsi, dès que le niveau du fleuve atteint 2,50m, à l’échelle d’Austerlitz (échelle de référence à Paris), l’IGC effectue deux tournées par semaine sur les 100 piézomètres situés dans la plaine alluviale de la Seine, puis une mesure quotidienne est assurée lorsque le niveau de la Seine atteint 3,20m à l’échelle d’Austerlitz. Ce suivi renforcé se poursuit tout au long de la montée des nappes et cela parfois longtemps après le passage de l’onde de crue.

Le réseau piézométrique de l'IGC
Le réseau piézométrique de l'IGC © Ville de Paris
 
 

En période de crue, l’IGC affine en temps réel les cartographies dont elle dispose grâce au réseau de piézomètres. Lors des crues de juin 2016 (crue de printemps rapide) et de début 2018 (crue d’hiver lente), ces cartes ont été publiées sur Paris.fr. Diffusées auprès du grand public, elles ont donné aux Parisien-nes des tendances d’évolution des niveaux de nappes. Les piézomètres indiquent les tendances d’évolution des niveaux de nappe :

  • Bleu, le niveau est stable,
  • Vert, le niveau descend,
  • Rouge, la nappe continue de monter.
Tendance d'évolution des niveaux de nappes - début 2018-décrue 22 février 2018
Tendance d'évolution des niveaux de nappes - début 2018-décrue 22 février 2018 © Ville de Paris
 

Perspectives et évolutions

Le dispositif de suivi a montré sa pertinence lors des deux épisodes récents de crue à Paris. Toutefois, seules les zones les plus proches de la Seine (certes les plus impactées) ont été suivies précisément. Le réseau de l’IGC sera progressivement équipé d’un système de relève automatique permettant de disposer de deux mesures quotidiennes. L’objectif est d’automatiser l’ensemble du réseau d’ici 2021 afin d’affiner la connaissance de la dynamique globale des nappes dans Paris. De plus, l’IGC est en lien avec les principaux opérateurs de réseaux afin de les informer de l’évolution des nappes et de leur permettre d’anticiper les actions à mettre en œuvre.

 

 

Sources: 

Pour en savoir plus, vous pouvez contacter l'Inspection Générale des Carrières 

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Article
En cas d'inondation, comment des défaillances en cascade au sein des réseaux urbains peuvent agraver la situation.
Crue juin 2016 Villeneuve le Roi

Description

 

Des réseaux urbains interdépendants

Le bon fonctionnement de nos villes est aujourd’hui fortement dépendant de l’état des services urbains, tels que la distribution en eau potable, l’assainissement, la distribution d’électricité ou même les transports en commun. Et l’arrêt de ces services, qui sont organisés sous forme de réseaux, peut entrainer des troubles importants dans la vie des habitants : on peut citer les coupures de courant (alimentant les éclairages mais aussi les appareils électroménagers et électroniques), d’alimentation en eau potable ou même de chauffage (urbain ou personnel), l’arrêt des transports (trains, métro, bus, routes…) ou des systèmes de télécommunications (internet, téléphonie…).

Ces coupures et arrêts des services peuvent intervenir de façon isolée, mais peuvent aussi résulter de liens de dépendances entre ceux-ci. On peut citer quelques exemples pour illustrer ce concept : une pompe hydraulique est dépendante de son alimentation en électricité, un feu de signalisation du réseau de métro souterrain est dépendant de ses commandes centralisées reçues par télécommunication, un câble électrique enterré est dépendant de l’état de la chaussée qui le recouvre…

Les effets domino en cas d'inondation

La problématique de la continuité d’activité des services urbains est donc une question majeure, que ce soit dans les phases de la préparation pré- crise, de la gestion de la crise, ou de la récupération post-crise. On imagine par exemple que lors d’une inondation majeure en Ile-de-France les secours pourraient avoir du mal à intervenir si les stations-services sont vides car elles ne sont plus réapprovisionnées, si certaines routes sont inondées et que les feux de signalisation ne fonctionnent plus, si les télécommunications sont coupées, et si les hôpitaux sont privés de courant ou de chauffage en hiver.

Les liens entre ces infrastructures et ces services sont complexes, difficiles à prévoir, et de différentes natures. Ils peuvent entrainer des phénomènes qu’on appelle défaillances en cascade ou effets domino, car les infrastructures et les services peuvent tomber un à un suite à la défaillance du précédent.

Ces phénomènes peuvent avoir des conséquences importantes et c’est pourquoi les opérateurs de réseaux et les autres parties prenantes travaillent à l’amélioration de leur connaissance et de leur préparation. Diverses initiatives, projets mais aussi travaux de recherche ont ainsi vu le jour, et ont notamment pour objectif d’identifier et de caractériser les liens de dépendances existants, de renforcer les liens entre les différents acteurs, de planifier des solutions palliatives en cas d’incident, d’étudier des scénarios de défaillances redoutés…

 

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Pour compléter son dispositif, l’EPTB Seine Grands Lacs souhaite réaliser un 5e ouvrage, la Bassée, située en Seine et Marne.
La bassée - site pilote : casier A

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Vers un 5ème ouvrage

Les 4 lacs réservoirs de l’EPTB Seine Grands Lacs, construits entre 1949 et 1990, permettent de stocker plus de 830 millions de mètre cube d’eau en amont du bassin de la Seine.

Pour compléter ce dispositif existant, l’EPTB souhaite réaliser un 5e ouvrage, celui de la Bassée.

Situé à la confluence de la Seine et de l’Yonne, en Seine et Marne, le projet de la Bassée, à l’étude depuis les années 2000, poursuit un double objectif :

  • La diminution des niveaux de la Seine en cas de crue afin de limiter le coût des dommages liés aux inondations en Ile-de-France. La construction de 10 espaces endigués permettrait de stocker jusqu’à 55 millions de mètres cube et réduire la ligne d’eau de 20 à 60 cm suivant les crues et les lieux.
  • La valorisation écologique du territoire de la Bassée aval, zone humide exceptionnelle qui s’est dégradée au cours des dernières années.

Le projet a fait l’objet de concertations avec les acteurs locaux et a été soumis au débat public entre 2011 et 2012.
Suite à ce débat, il a été décidé de réaliser un premier site pilote qui devra être opérationnel fin 2023, dans la perspective des Jeux Olympiques de Paris en 2024.

Pour en savoir plus et mieux comprendre :

 

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La crue de janvier 2018 a été un évènement exceptionnel de par son intensité et sa durée.
Zouave du pont de l'Alma pendant la crue de janvier 2018

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Une pluviométrie intense

La pluviométrie intense du mois de janvier 2018 a représenté l’équivalent de deux à trois mois de pluie s’abattant sur l’ensemble du bassin versant de la Seine en deux épisodes majeurs qui se sont succédés très rapidement.

  • Un premier épisode pluvieux du 29 décembre 2017 au 5 janvier 2018 a représenté l’équivalent d’un mois de pluie, et a généré un intense pic de crue se propageant sur tout le bassin. Les lacs ont stocké l’excédent de débit, conformément aux règles de gestion et ont ainsi permis de réguler le débit à l’aval en dérivant jusqu’à 510 m³/s cumulés sur les 4 lacs-réservoirs. L’écrêtement des pointes de crue par les lacs-réservoirs a entraîné le stockage de 225 millions de m3, ce qui a consommé près de 40 % du volume disponible dans les lacs-réservoirs au début de la crue.
  • Alors que la propagation de cette première onde de crue était encore en cours, une deuxième vague de précipitations est survenue sur la période du 15 au 22 janvier 2018 sur des sols totalement saturés, générant ainsi une deuxième onde de crue. En amont des lacs-réservoirs, les débits atteints alors ont été largement supérieurs aux débits de juin 2016 et de mai 2013. Pour ce second pic de crue, les lacs-réservoirs ont de nouveau dérivé et stocké une part très importante des débits amont, jusqu’à 560 m³/s cumulés. Les pointes de cet événement correspondent à une crue de période de retour 10 ans sur la Marne, la Blaise et l’Yonne, et jusqu’à plus de 50 ans sur la Seine et l’Aube. Cette deuxième onde de crue a été écrêtée par les lacs réservoirs, représentant un stockage supplémentaire de 300 millions de m³ et conduisant à la saturation des lacs-réservoirs Seine et Aube.

Le volume total stocké lors de ces deux épisodes de crue a ainsi atteint plus de 525 millions de m3.

A titre de comparaison avec deux crues récentes, lors de l’épisode de crue de 2013, les 3 lacs de Champagne étaient arrivés à saturation, stockant un total de 100 millions de m3 et dérivant un débit maximum de 290 m3/s les 6 et 7 mai 2013. Sur l’épisode de crue de juin 2016, les lacs-réservoirs ont stocké 40 millions de m3 et dérivé un débit maximum de 68 m3/s le 3 juin 2018.

Devant la montée rapide des débits et considérant les prévisions de pluviométrie annoncées pour les prochains jours, des dérogations ont été accordées par les autorités préfectorales afin d’augmenter temporairement les débits de référence sur la Marne, l’Aube et la Seine. Ces dérogations ont permis de retarder le plus possible la saturation des lacs-réservoirs Seine et Aube, afin d’atténuer au mieux la pointe de crue.

L’effet des lacs a généré un abaissement estimé à 65 cm sur la pointe de crue de la Seine, ce qui a permis de maintenir les niveaux de la Seine à Paris-Austerlitz en dessous des 6 m, et d’éviter notamment de nombreux dommages sur les réseaux.

Cette crue hivernale pourtant habituelle à cette période de l’année n’en demeure pas moins exceptionnelle par son intensité et sa durée. La saturation de deux réservoirs et l’importance du volume surstocké représentant une forte vulnérabilité pour les territoires en cas de survenue d’une nouvelle crue (même d’intensité moindre), une phase de délestage a été engagée à la suite de la crue. Afin de recréer la capacité d’écrêtement des lacs-réservoirs, une partie du volume surstocké a ainsi été relâchée progressivement, en accompagnant la décrue, pour un retour sur les objectifs de gestion le 26 février 2018 à Pannecière, le 7 mars 2018 sur les lacs Aube et Marne, et le 27 mars 2018sur Seine.

La gestion globale du stockage et du déstockage sur les quatre lacs-réservoirs début 2018

Le graphique suivant représente le volume de remplissage cumulé des quatre lacs-réservoirs, comparé au volume de remplissage théorique. Le stockage sur deux crues successives de plus 225 millions de m³ puis 300 millions de m³ a abouti à un très net surstockage dans les retenues (411 millions de m³ d’écart avec les objectifs de gestion théorique au 29 janvier 2018). Le déstockage a été fortement différé (soit environ 10 à 15 jours après la pointe de crue) et a été contrarié à plusieurs reprises par des précipitations encore abondantes et très réactives, tombant sur des sols encore saturés, nécessitant le redémarrage des prises à deux reprises.

Ce n’est que le 1er avril 2018 que le retour sur les objectifs de gestion théorique est généralisé. Le volume total cumulé dans les retenues atteint alors 674 millions de m3 (84 % de la capacité normale).

Volumes cumulés des lacs Marne, Seine, Aube et Pannecière
Volumes cumulés des lacs Marne, Seine, Aube et Pannecière - Novembre 2017 à Avril 2018
 

 

Niveau de la seine au pont d'Austerlitz à Paris
Niveau de la Seine au pont d'Austerlitz à Paris : comparaison avec (bleu) et sans l’action des lacs (rouge)
 
 

 

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Le SEDIF, premier producteur et distributeur d'eau destinée à la consommation humaine en France, est un syndicat mixte qui dessert en eau 150 communes réparties sur sept départements de la région parisienne.
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Description

Contexte

Le SEDIF, premier producteur et distributeur d'eau destinée à la consommation humaine (EDCH) en France, est un syndicat mixte qui dessert en eau 150 communes réparties sur sept départements de la région parisienne. Il a pour objet unique la production et la distribution d’EDCH à 4,6 millions d'habitants.
Cette production d’EDCH est assurée par trois usines principales implantées au bord de la Seine, de la Marne et de l'Oise, l’eau de surface représentant 97 % des ressources et l’eau de nappe 3 % (forages dans le calcaire de Champigny, l’Yprésien et l’Albien). Chaque usine alimente un secteur du territoire du SEDIF. Leurs capacités nominales de production sont les suivantes :
- usine de Choisy-le-Roi : 600 000 m3/j de capacité de production qui dessert le secteur Seine situé principalement au Sud du territoire,
- usine de Neuilly-sur-Marne / Noisy-le-Grand : 600 000 m3/j de capacité de production qui dessert le secteur Marne à l’Est et au Nord,
- usine de Méry-sur-Oise : 340 000 m3/j de capacité de production qui dessert le secteur Oise au Nord.
L'EDCH est acheminée vers les usagers par un réseau de 8 683 kilomètres de canalisations, qui comporte 69 réservoirs et 44 stations de pompage permettant d’alimenter les différents niveaux piézométriques.
Le SEDIF, maître d’ouvrage public, est propriétaire de ses installations. Il en confie depuis le 1er janvier 2011 l’exploitation et l’entretien au travers d’un contrat de délégation de service public à la société Veolia Eau d’Île-de-France SNC.
 

Prévention et gestion du risque inondation

La région Ile-de-France est soumise à différents aléas, dont le premier est l’inondation, qui pourraient engendrer une crise d’ampleur majeure tant par la superficie du territoire touché que par la population concernée. Les 3 principales unités de production d’EDCH du SEDIF étant situées en bord de fleuve, leur vulnérabilité à cet aléa est majeure. Par conséquent, le SEDIF, signataire de la déclaration d’intention du 20 avril 2016, travaille pour assurer la protection de l’ensemble de ses installations vis-à-vis des inondations et la continuité du service public de l’eau.
En ce sens, un premier schéma directeur « inondation » a été réalisé en 2010 pour définir et réaliser des travaux destinés à protéger les usines de production d’EDCH jusqu’à une crue de référence R1.0 (Scénario type DRIEE – 100 % du débit de la crue 1910) pour un investissement d’environ 10 M€ : mises en place de barrières amovibles anti-crues sur le site de Choisy-le-Roi, calfeutrements des sous-sols de plusieurs bâtiments, renforcement des épuisements et mise en œuvre de dispositifs de pompage mobiles, rehausse de motorisation de vannes, …
Usine de Choisy-le-Roi – Quai inondé en bordure de l’usine et batardeaux...
Usine de Choisy-le-Roi – Quai inondé en bordure de l’usine et batardeaux...
 

 

Par ailleurs, conformément à ses engagements contractuels, le délégataire du SEDIF a établi un plan de continuité et de secours « crues » ainsi que des documents opératoires locaux propres à chaque secteur. Ils listent les actions à mettre en œuvre par l’exploitant en fonction de la hauteur de chaque rivière.
Les retours d’expérience des crues de mai-juin 2016 (entre R0.6 et R0.7 pour la Seine et inférieur à R0.5 pour la Marne. NB : par exemple, R0.6 correspond à 60 % du débit de crue 1910) et de janvier-février 2018 (entre R0.6 et R0.7 pour la Seine et pour la Marne) ont montré que plusieurs opérateurs stratégiques (électricité notamment), dont dépend la continuité du service public de l’eau, pourraient être affectés à des niveaux de crues bien inférieurs à R1.0. Des études sont en cours afin d’évaluer les modifications à réaliser afin de réduire la vulnérabilité des sites stratégiques du SEDIF.
Sources: 

Pour aller plus loin : https://www.sedif.com

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Une inondation peut survenir à cause d'une remontée de nappe alluviale. Comment cela se déroule-t-il ? Quel est le risque sur le bassin parisien ? On vous explique tout.
La nappe souterraine en période de crue.jpg

Description

Qu’appelle-t-on nappe alluviale ?

Le fond et les berges d’un cours d’eau sont constitués de sédiments (gravier, sable ou argile) appelés alluvions. L’eau infiltrée dans ces alluvions s’appelle la nappe alluviale.

Dans l'agglomération parisienne, 78% de la surface de ces alluvions est occupée par le tissu urbain. Sous ce tissu urbain, les caves, les parkings, les réseaux souterrains de transport (~ 200 km de métro), d’assainissement (~4000km), d’électricité et d’eau potable sont en partie creusés dans les alluvions.

Schéma du fonctionnement des remontées de nappe
Schéma du fonctionnement des remontées de nappe
 

Pourquoi et comment se déroule une inondation par remontée de nappe ?

Hors période de crue, la nappe alluviale n’atteint pas les infrastructures souterraines. 

La nappe souterraine en temps normal
La nappe souterraine en temps normal
 

Lors d’une crue, la hauteur d’eau augmente : l’infiltration de l’eau vers la nappe alluviale aussi. Le niveau de la nappe alluviale peut s’élever jusqu’à l’inondation des infrastructures souterraines (caves, réseaux d’assainissement ou de transports en commun) lorsqu’elles ne sont pas étanches. Une inondation par remontée de nappe survient alors dans des zones protégées du cours d'eau, via la percolation de l’eau au sein des alluvions.

La nappe souterraine en période de crue.jpg
La nappe souterraine en période de crue
 

Comment prévoir une remontée de nappe ?

Les remontées de nappe peuvent être détectées et suivies grâce à l’installation de piézomètres. Les piézomètres sont des puits creusés au sein des alluvions dans lesquels la profondeur de l’eau est observée. 
Dans le cas de la nappe alluviale, lorsque la hauteur d’eau observée dans le puit est supérieure à celle des infrastructures souterraines, les inondations par remontée de nappe peuvent avoir lieu, selon l’étanchéité de la structure, et la mise en place ou non de pompage pour la préservation de la structure.
 
 

 

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Retour sur la campagne de sensibilisation au risque inondation réalisée en 2016 par l'EPTB Seine Grands Lacs
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Description

Le 13 octobre 2016, à l’occasion de la journée internationale de prévention des catastrophes naturelles organisée par l’ONU, l’EPTB Seine Grands Lacs a lancé l’opération « Risque inondation : tous concernés, tous préparés ! ».

Si, au quotidien, chacun peut avoir besoin d’aide et se rendre service entre voisins, cela est d’autant plus vrai en cas de catastrophes comme les inondations. En Ile-de-France, les inondations sont particulièrement longues : l’eau peut rester plusieurs semaines voire plusieurs mois sur notre territoire et impacter très largement la vie quotidienne des Franciliens. Que nous vivions ou travaillons en zone inondable ou pas, de par notre dépendance au bon fonctionnement des réseaux (électricité, transports, eau potable, déchets, télécommunication…), nous sommes tous vulnérables.

Et, en cas de catastrophes, les autorités s’occuperont en priorité des personnes les plus vulnérables. La solidarité et l’entraide entre voisins se doit aussi d’être largement encouragée !

En partenariat avec l’association Voisins Solidaire, la start-up SMIILE et le Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris, plusieurs milliers de kits de communication ont été déployés pour faire des voisins des relais d’information et de sensibilisation sur ce sujet.

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Cette thèse de doctorat, soutenue en décembre 2017, vise à étudier les impacts sociaux potentiels d’une inondation majeure de la région francilienne. L’aléa considéré dans ces travaux est celui d’une crue de la Seine et de ses affluents, type 1910.
Extrait illustration thèse Kenji Fujiki

Description

Disparités socio-spatiales dans la prise en charge des populations franciliennes en situation de crise et post-crise

Cette thèse de doctorat, soutenue en décembre 2017, vise à étudier les impacts sociaux potentiels d’une inondation majeure de la région francilienne. L’aléa considéré dans ces travaux est celui d’une crue de la Seine et de ses affluents, de débit égal ou supérieur à la crue de référence de janvier 1910 (scénarios dits « R1 » et « R1,15 »). L’occurrence d’un tel aléa provoque des « impacts sociaux » – ces impacts font référence aux effets de l’inondation sur la population, ses conditions, ses moyens d’existence. Cette thèse est découpée en trois segments, correspondant à trois objectifs de recherche complémentaires : (1) d’abord, sont évalués dans le cadre d’un Système d’Information Géographique (SIG) les besoins de prise en charge des populations en cas d’évacuation massive ; (2) ces besoins sont confrontés, dans le cadre d’une étude qualitative, aux dispositifs développés par les autorités en charge de la gestion de crise ; (3) ces travaux sur les impacts de court terme de la crue se doublent enfin d’une étude sur les impacts sociaux de plus long terme, avec une modélisation des besoins de reconstruction et des impacts post-catastrophe de la crue sur la population.

Une estimation des impacts sociaux immédiats de la crue : l’exemple de l’évacuation massive

L’évacuation massive, enjeu central de la gestion de crise francilienne

En cas de crue majeure de la Seine, un des enjeux majeurs pour les autorités consiste dans l’évacuation des populations exposées. C’est une problématique centrale, et pourtant difficile à appréhender, du fait des nombreuses incertitudes qui pèsent, tant sur la connaissance de l’aléa et de ses impacts physiques, sur les réseaux en particulier, que sur les réactions des populations ou du commandement politique. Ces incertitudes justifient le développement, dans le cadre de la thèse, d’un modèle d’estimation des besoins sociaux de prise en charge en cas d’évacuation massive – en partenariat avec la Préfecture de Police de Paris, qui coordonne la gestion de crise à l’échelle francilienne. Ce modèle est développé sous SIG, et croise deux approches : (a) une approche environnementale, consistant à synthétiser des variables relatives à l’exposition des territoires vis-à-vis de l’aléa, pour faire un zonage de l’évacuation, à l’aune de la doctrine envisagée par la Préfecture de Police ; (b) une approche sociale, consistant à agréger des variables sociales et démographiques pour évaluer la susceptibilité de la population à évacuer et à trouver un hébergement.

Un modèle développé à partir de retours d’expérience internationaux

Cette seconde approche s’appuie en particulier sur un état de l’art constitué à partir des retours d’expérience d’évacuations massives, à l’échelle internationale – il est principalement développé à l’aune des évacuations étatsuniennes, à l’instar de celles qui ont précédé l’occurrence des ouragans Katrina (Nouvelle-Orléans, août 2005) et Rita (Houston, septembre 2005). Une difficulté majeure, pour anticiper sur une évacuation sur notre terrain d’étude, tient en effet dans l’absence de retour d’expérience d’évacuation de masse, impliquant des centaines de milliers de personnes, en France depuis la seconde guerre mondiale.

Des besoins de prise en charge élevés

Les résultats du modèle mettent en évidence des besoins de prise en charge élevés : jusqu’à 700 000 personnes pourraient être évacuées pour un scénario d’inondation similaire à celui de la crue de référence de janvier 1910, 1,1 million pour une crue d’ampleur supérieure. 120 000 personnes devraient être prises en charge dans des centres d’hébergement d’urgence dans la première hypothèse, 200 000 dans la seconde. Des disparités géographiques majeures peuvent également être observées, entre communes et entre départements.

L'étude spatialisée des dispositifs de prise en charge des populations

Une méthodologie mixte d’évaluation

Ces besoins sont confrontés aux moyens et dispositifs de prise en charge, développés par les collectivités et par les administrations d’Etat, responsables de la gestion de crise. A partir d’une méthodologie mixte, combinant entretiens, observations, documentation écrite et analyses géomatiques, ces travaux mettent en évidence les difficultés auxquelles doivent faire face les autorités publiques, et en particulier les collectivités, pour répondre aux besoins de leurs administrés, en cas de catastrophe.

Une double contrainte

Il faut en particulier souligner deux types de contraintes. D’une part, les autorités peinent à arbitrer dans des situations de forte incertitude, du fait des nombreux postulats, souvent implicites, qui pèsent sur un événement de l’ampleur d’une crue majeure de la Seine. Ce déficit d’arbitrages entrave non seulement les efforts de planification en amont, mais paralyse également les acteurs en situation de gestion de crise, du fait que ces derniers peinent à anticiper sur les conséquences de la crue, ce que les inondations de juin 2016 ont pu mettre en évidence. Les difficultés à arbitrer pèsent en particulier sur la problématique de l’évacuation, avec une doctrine qui peine à voir le jour de façon aboutie. D’autre part, le sous-dimensionnement des moyens limite la capacité des collectivités, municipalités en tête, mais aussi des institutions étatiques, à se préparer à la crise et à répondre aux besoins des population, sans l’intervention de l’échelon national. Ce sous-dimensionnement des moyens est aggravé par des difficultés de coordination ou de communication entre acteurs.

L'étude des disparités spatiales face aux impacts post-catastrophe de la crue

La cartographie des impacts sociaux post-catastrophe et la capacité de reconstruction des populations

Aux enjeux de gestion de crise, et à l’étude des impacts sociaux immédiats de la crue, s’ensuit une analyse cartographiée des conséquences à long terme de celle-ci sur la population. Cette analyse se fonde sur le développement d’un modèle sous SIG, permettant de cartographier deux types de données : d’une part, les dommages provoqués par l’inondation sur les services et infrastructures de base nécessaires à la vie quotidienne des populations ; d’autre part, la capacité de ces dernières à faire face aux conséquences négatives de la crue sur le temps long. Cette seconde analyse s’appuie en particulier sur un état de l’art de catastrophes passées, permettant d’identifier les variables corrélées à la capacité de reconstruction et de retour sur le temps long et sur leur territoire d’origine des populations sinistrées.

De fortes disparités spatiales face aux impacts post-catastrophe

Le croisement des deux approches – endommagement et capacité de reconstruction – permet d’estimer les impacts sociaux de l’inondation sur le temps long, et de cartographier les disparités qui se font jour entre les territoires sur cette question. Si un effondrement généralisé de la région francilienne est improbable sur le long terme, même dans l’hypothèse d’une inondation supérieure à celle de janvier 1910, les conséquences de l’inondation pourraient en revanche être durables à l’échelle locale. Certaines municipalités pourraient assister à une modification profonde de leur tissu social et démographique, du fait des conséquences de la catastrophe – en particulier les municipalités qui cumulent un fort endommagement (une douzaine de villes de plus de 10 000 habitants pourraient voir plus de 30% de leurs structures et infrastructures de base endommagées) et une faible capacité de reconstruction de leur population. La stratégie de reconstruction post-catastrophe doit pouvoir intégrer ces disparités spatiales dans sa planification, afin de les limiter et d’accompagner au mieux les populations les plus exposées.

 

Documents: 
Thèse Kenji Fujiki 2017 version complète