1 malchance sur 100 de se produire chaque année
Mai 2013
Crues rapides du Serein, de l’Armançon, et de la haute Seine.
Cours d’eau : Serein, Armançon, Seine, Yonne
Villes : Buchères, Verrières, Courgerennes, Nogent-sur-Seine, Montbard, Semur-en-Auxois, Pontet-Massène, Chablis et Tonnerre
Météorologie et hydrologie
Les pluies enregistrées entre le 26 avril et le 6 mai 2013 sur le sud-est du bassin de la Seine prennent un caractère exceptionnel sur les bassins amont du Serein, de l’Armançon, de la Seine et de l’Aube. Succédant à un hiver et à un mois d’avril déjà particulièrement pluvieux, elles s’abattent sur des sols très humides et provoquent des crues généralisées.
Trois épisodes pluvieux se succèdent en une dizaine de jours, les 26-28 avril, 29 avril-01er mai et 02-04 mai. Chacun pris séparément apporte des cumuls importants, sans pour autant qu’ils soient exceptionnels dans cette zone (entre 20 et 50 mm en moyenne par épisode). Leur succession amplifie en revanche les volumes précipités avec des périodes de retour supérieures à la décennale sur les bassins de l’Armançon et du Serein. Elles atteignent la centennale aux stations de Montbard (146 mm), Semur-en-Auxois (122.5 mm) ou St-Martin-de-la-Mer (140 mm).
Les cours d’eau réagissent particulièrement au 3ème épisode pluvieux, les deux précédents ayant saturé sols et nappes et déjà fait augmenter le niveau des cours d’eau. Les hausses de niveau sont brutales : le Serein gagne 1.50 m en 8 h à Brain, 1 m en 12 h à Dissangis (pic de crue à 3.49 m, soit 50 cm de moins que la crue de référence de janvier 1910) ; l’Armançon 0.70 m en 4 h à Aisy (2.80 m à la station de Tronchoy au pic de crue).
Les côtes atteintes aux stations sont équivalentes à celles observées en avril 1998 et mars 2001. Sur l'Armançon et le Serein, la période de retour des crues se situe entre 20 et 50 ans, ponctuellement supérieure à 50 ans sur le haut des bassins (Quincy-le-Vicomte sur l’Armançon et à Bierre-lès-Semur sur le Serein).
Conséquences
L’importance des niveaux de la Seine engendre des dommages importants à l’amont de Troyes, et en particulier dans la zone de Buchères et de Verrières, non protégée par des digues. Sur l’ensemble du secteur troyen, environ 700 habitations, ainsi que 28 entreprises et 13 équipements publics, dont la station d’alimentation en eau potable de la commune de Courgerennes sont touchées. 33 routes sont également coupées. Sur ce secteur, le coût de l’épisode est estimé entre 5 et 9 millions d’euros. Dans le département de l’Aube, plusieurs habitations sont touchées et une trentaine de routes départementales sont localement coupées. La plaine de la Bassée dont le secteur à enjeux de Nogent-sur-Seine est également touchée par la crue de la Seine. En Côte d’Or, les principales villes affectées sont Montbard et Semur-en-Auxois, menacées par la surverse du barrage de Pontet-Massène, et dans l’Yonne Chablis et Tonnerre. Dans toutes les zones inondées, un grand nombre de personnes sont évacuées.
Sur le tronçon Yonne aval, la crue est légèrement débordante, équivalente à celle de décembre 2010. L’onde de crue se répercute ensuite dans la Seine, de façon atténuée (pic de crue à 3.49 m le 06 mai à Paris d’Austerlitz). Quelques débordements se produisent toutefois sur le tronçon Seine Bassée francilienne.
Gestion
Du fait du caractère tardif de ces crues, elles n’ont pu être que partiellement écrêtées par les lacs-réservoirs, proches de leur remplissage maximal. Sur la Seine et l’Aube, les grands lacs réservoirs, déjà presque pleins (conformément aux objectifs de gestion prévus par les règlements d’eau), ne peuvent jouer pleinement leur rôle d’écrêteurs de crues. Le 1er mai, le niveau de remplissage des ouvrages est déjà d’environ 90 % et les pluies qui surviennent entre le 1er et le 5 mai entraînent progressivement leur mise en charge. Les tranches exceptionnelles des lacs, qui ne sont remplies qu’en cas de crues importantes ou de crues de printemps, commencent à être sollicitées entre les 5 et 6 mai. Les prises d’eau sont alors progressivement réduites puis stoppées le 7 mai pour assurer la sauvegarde des ouvrages. La pointe de crue est atteinte le 9 mai au droit des ouvrages de retenue. La montée des eaux est particulièrement forte sur le tronçon Seine Amont où le maximum de crue atteint 240 m3/s. Sur le tronçon de la Seine Troyenne, l’onde de crue n’est que partiellement écrêtée par le lac-réservoir Seine, qui permet malgré tout de limiter les débits à 200 m3/s dans l’agglomération troyenne et à environ 250 m3/s dans le secteur de Méry-sur-Seine. Les pluies observées font également fortement réagir les bassins de l’Aube et de l’Aujon. Le débit de pointe à Bar-sur-Aube atteint 160 m3/s. L’écrêtement par le Lac-Réservoir Aube permet de limiter le débit à 200 m3/s à l’aval de l’ouvrage.
Sources
- EPRI bassin Seine-Normandie, addendum 2018.
- SPC Seine moyenne – Yonne – Loing, Rapport de crues saison 2012-2013, DRIEE IdF, 2013.
- Règlement de surveillance de prévision et de transmission de l’information sur les crues du service de prévision des crues Seine moyenne – Yonne – Loing, mars 2017, DRIEE IdF.