crue d'hiver
Crue de la Marne, de l'Yonne et de la Seine
Mars
1876
Retours aux crues
icon COURS D'EAU
Armançon, Essonne, Grand-Morin, Marne, Ornain, Seine, Yonne
icon INDICE DE GRAVITÉ icon

1 malchance sur 100 de se produire chaque année

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Février - Mars 1876

Troisième plus forte crue de la Seine à Paris au XIXe siècle, et crues multiples et durables sur tous les affluents.

Cours d’eau : Marne, Seine, Yonne, Grand-Morin, Armançon, Aisne, Ornain, Essonne…

Météorologie et hydrologie

« En 1876, il n’y a pas eu moins de 7 crues successives des affluents torrentiels, produites par des pluies qui se sont continuées presque sans interruption du 11 février au 15 mars. » Notice sur les crues des principales rivières de France en mars 1876, E. Belgrand, G. Lemoine.

 

Le cumul des précipitations est considérable sur les hauts bassins, avec du 13 février au 15 mars 690 mm aux Settons (avec 30 jours de pluie sur 32), 303 mm à Saulieu, 252 mm à Bar-le-Duc (29 jours de pluie sur 32)… En moyenne sur le bassin de la Seine, il tombe 166 mm pendant cette même période.

 

Les six premières crues font réagir tantôt le bassin de la Marne, tantôt celui de l’Yonne. Certains cours d’eau marquent des crues nettes et distinctes à chaque épisode pluvieux. D’autres, notamment les grands cours d’eau, forment une crue unique. La 7ème, à partir du 13 mars, touche principalement le bassin de l’Yonne avec de très fortes pluies sur le haut Morvan (146 mm à Pommoy en 24 heures, 126 mm aux Settons en 2 jours).

 

L’Aisne monte brusquement à Pontavert, passant de 70cm à 3,31 m entre le 15 et le 20 février, pendant la période de dégel. Après une baisse, son maximum est atteint le 12 mars, à 3,52 m.

 

La crue de l’Yonne est très importante à Sens avec 4,35 m relevés le 15 mars, dépassant toutes les crues des décennies précédentes.

 

Les crues successives de la Marne à St-Dizier (maximum à 3,94 m) se confondent presque en une crue unique vers l’aval. À Chalifert, les eaux atteignent 4,42 m  le 16 mars.

Hauteurs journalières de la Marne à St-Dizier et Chalifert, de janvier à avril 1876.
Hauteurs journalières de la Marne à St-Dizier et Chalifert, de janvier à avril 1876.
 

La Seine, à Paris, s’élève de manière presque continue de mi février à mi-mars. Elle atteint son maximum le 17 mars avec 6.69 m au pont d’Austerlitz. Il s’agit de la 3ème plus forte crue du XIXe siècle, après 1802 et 1807.

Conséquences

Sur l’Yonne, en aval du confluent avec l’Armançon, la plaine est entièrement submergée entre Joigny et Cézy. Les écluses sont recouvertes de 50 à 60 cm d’eau au dessus des bajoyers.

 

À Paris, les rues basses de Grenelle, les quais de Bercy et d’Ivry sont submergés. Plus de 3000 caves sont inondées par remontée de nappe.

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gallica.
 
Le Monde illustré 25 mars 1876
Le Monde illustré 25 mars 1876.
 
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Alfortville - vue générale - inondations mars 1876.
Alfortville - rue Véron (partie Nord) - inondations mars 1876
Alfortville - rue Véron (partie Nord) - inondations mars 1876
Alfortville - Ponton - rue de Seine - inondations mars 1876
Alfortville - Ponton - rue de Seine - inondations mars 1876

 

Gestion

Le service d’annonce des crues a permis de prévoir 3 jours à l’avance les hauteurs d’eau sur la Seine et la Marne. « Grâce aux avis du service hydrométrique, dès le 6 mars, l’ingénieur télégraphiait à ses agents que la Seine allait atteindre environ le niveau de 1872 et les mettait en campagne pour prévenir les intéressés. Tous les jours des dépêches tenaient le personnel au courant de la situation et stimulaient son zèle qui a été digne d’éloges. Au début, nos informations étaient accueillies avec une certaine incrédulité, même railleuse, tant elles semblaient pessimistes et invraisemblables. Mais, à mesure que les faits se chargaient d’en montrer la justesse, qu’ils entamaient la confiance des riverains, puis excitaient leur panique, nos agents étaient sollicités, suivis, et après la crue il n’y a plus eu, on peut le dire, qu’une voix sur les services rendus par la promptitude et la sûreté des annonces portées quotidiennement à la connaissance du public, des municipalités ou des familles plus spécialement menacées… » (Ingénieur Cheysson, rapport en date du 5 août 1876, cité dans Notice sur les crues des principales rivières de France en mars 1876, E. Belgrand, G. Lemoine.

Sources

  1. E. Belgrand, G. Lemoine, Notice sur les crues des principales rivières de France en mars 1876, Extrait de l’Atlas météorologique, année 1876. Paris, 1877.
  2. G. Lemoine, E. Belgrand, Résumé des observations centralisées pendant l’année 1876, Ponts & Chaussées. Versailles, 1877.
  3. Gallica
  4. Le monde illustré, 1876
  5. E. Belgrand, G. Lemoine, Observations sur les cours d’eau et la pluie centralisées pendant l’année 1876, Ponts & Chaussées, 1877.
  6. E. Belgrand, G. Lemoine, Observations sur les cours d’eau et la pluie centralisées pendant l’année 1875, Ponts & Chaussées, 1876.
  7. G. Lemoine, E. Belgrand, Résumé des observations centralisées pendant l’année 1875, Ponts & Chaussées. Versailles, 1876.