Description
La crue de janvier 1910
À l’automne 1909, un épisode pluvieux intense (50% supérieur à la moyenne) sature les sols et engendre une première hausse des niveaux de la Seine et de ses principaux affluents (dont le Loing). Aussi, lorsqu’en janvier 1910 trois épisodes pluvieux se succèdent, c’est l’intégralité des cours d’eau du bassin de la Seine qui entrent en crue en raison, notamment, de ruissellements rapides sur des sols rendus imperméables par le gel. Cette crue considérée comme exceptionnelle a engendré des inondations catastrophiques tant à Paris que sur les territoires situés plus en amont, comme le bassin du Loing.
Sur le bassin du Loing, la période de retour de cette crue est estimée à 100 ans (ce qui signifie qu’une crue d’une telle ampleur a une probabilité d’une chance sur cent de survenir chaque année). Lors de cette crue, le débit maximum estimé sur le Loing a été de près de 330 m3/s à la station d'Episy. Les hauteurs d’eau enregistrées dans le bassin ont été tout aussi impressionnantes : 3,16 m à Montargis, 4,25 m à Nemours et 7,96 m à Saint-Mammès au niveau de la confluence avec la Seine !
Lors de cet épisode, on dénombre d’importants dommages tant corporels que structurels et fonctionnels Montargis, qui constitue un goulot d’étranglement pour le Loing, est ainsi largement inondée dès le 20 janvier : plus des ¾ des rues de la ville sont inondées, la sous-préfecture est noyée sous 50 cm d’eau et tous les commerces du centre-ville sont sinistrés. Les communes des alentours sont également fortement impactées : à Courtenay, l’usine à gaz chargée d’alimenter l’éclairage public est submergée, ce qui provoque une interruption de l’éclairage pendant 3 jours. À Château-Renard, c’est la place du Vieux Marché qui est couverte par 1 mètre d’eau. Mais l’évènement le plus tragique intervient le 21 janvier, lorsque l’effondrement d’une colline, minée par les infiltrations d’eau, emporte 5 habitations près de Dordives, causant la mort de 7 personnes et plusieurs blessés graves.
La crue de mai-juin 2016
En 2016, après une période pluvieuse d’avril à mi-mai, le bassin amont du Loing a connu à la fin du mois une phase de pluies orageuses, intenses et localisées, puis plus généralisées mais toujours aussi intenses. Ces précipitations ont généré des crues exceptionnelles sur l’ensemble des cours d’eau du bassin. En plusieurs points du bassin, les débits et les hauteurs d’eau enregistrés ont été supérieurs à ceux de la crue de janvier 1910, qui servait jusque-là de référence. La crue du Loing a été accentuée par ses différents affluents dont les ondes de crue se sont rejointes à leur confluence de façon concomitante.
« 4,63 m à Nemours, soit environ 40 cm d’eau en plus en 2016 par rapport à 1910 »
Le caractère exceptionnel de la crue a provoqué des inondations majeures et jamais observées au moins dans les trois derniers siècles tout le long du Loing, et en particulier dans les agglomérations de Montargis, de Nemours et de Moret-Loing et Orvanne. Les nombreuses évacuations des centres-villes anciens sont un fait marquant des évènements de juin 2016 : 8 000 évacuations en Seine-et-Marne dont 4 000 à Nemours, 800 à Souppes-sur-Loing, 400 à Saint-Mammès, une clinique et une maison de retraite à Montargis ainsi qu’un collège à Château-Renard. Le musée Girodet de Montargis a été totalement inondé. Par ailleurs, de nombreuses pollutions aux hydrocarbures ont été causées par des ruptures de cuves à fioul domestique. Le phénomène pluvieux a concerné une partie du bassin de la Seine et de la Loire. Le montant total des dommages (biens assurés) a été estimé à 1,4 milliard d’euros ce qui en fait la catastrophe naturelle la plus couteuse depuis la création du dispositif CatNat en 1982 (Fédération Française de l’Assurance, 2017). La présence prolongée de l’eau a non seulement causé des dommages aux bâtiments, aux réseaux et aux terres agricoles, mais elle a également mis en évidence des dysfonctionnements en matière de gestion des déchets dans les villes impactées.
Bilan : de 1910 et 2016, quelle fut la crue la plus dommageable ?
Si la crue de janvier 1910 a eu des conséquences dramatiques par son bilan humain (7 morts), la crue de juin 2016 a eu des conséquences plus dommageables sur le plan structurel (dégâts matériels) et fonctionnel (fonctionnement du territoire) ; en raison notamment d’un accroissement significatif des enjeux en fond de vallée lié principalement à l’urbanisation.
Les crues sur le bassin du Loing sont caractérisées par des temps de formation et de propagation assez courts comparés aux bassins de la Seine et de la Marne. L’arrivée des eaux provenant des têtes de bassins dans les zones urbaines peut être assez rapide et se faire en moins de 24h, d’où l’importance de connaître les bons comportements et les bons gestes à adopter en cas d’inondation. Pour cela, rendez-vous sur l’onglet Conseils aux habitants ou Conseils aux entreprises ! N’hésitez pas à vous rapprocher de votre mairie ou à consulter la carte interactive mise à disposition par le BRGM pour voir si votre logement ou votre lieu de travail se situe en zone inondable.
Enfin, la crue majeure du printemps 2016 a aussi rappelé que le bassin du Loing et plus largement de la Seine peut aussi vivre des grandes crues en dehors des périodes d’hiver, ce qui ne s’était plus produit depuis le 19ème siècle.
Chiffres clés :
- A Nemours 4,63 m en 2016 contre 4,25 m en 1910
- A Montargis 3,44 m en 2016 contre 3,16 m en 1910
- A Saint-Mammès 6,77 m en 2016 et 7,96 m en 1910
- Débit de pointe : 330 m3/s à Episy en 1910
- Débit de pointe : 450 m3/s à Episy en 2016
Commune de Château-Landon (2011) : Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs – DICRIM de la commune de Château-Landon, 13 p.
EPTB Seine Grands Lacs (2018) : Vidéo - Histoire de crues par les citoyens.
EPTB Seine Grands Lacs (2020) : Programme d’Actions de Prévention des Inondations d’intention du bassin du Loing : dossier de candidature à l’appel à projets PAPI d’intention, 373 p.
Fédération Française de l’Assurance (2017) : Inondations de mai-juin 2016 : bilan 1 an après. Communiqué de presse, Paris, 31/05/2017, 1 p.
Marti R. et Lepelletier T. H. (1997) : L'hydrologie de la crue de 1910 et autres grandes crues du bassin de la Seine, La Houille Blanche, Vol. 83, Issue 8, 7 p.
Perrin F., Sauzey P., Menoret B. et Roche P-A. (2017) : Inondations de mai et juin 2016 dans les bassins moyens de la Seine et de la Loire, retour d’expérience, février 2017. Rapport CGEDD n° 010743-01 et IGA n° 16080-R, 210 p.
Pinault K. (2010) : Les catastrophes météo dans le Loiret. Archives & Culture, Paris, 112 p.