Les individus face au risque inondation : quelle place pour l’action citoyenne ?

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Actualité
Comprendre pour agir à l’échelle individuelle : le point sur les dispositifs existants et sur les démarches à entreprendre.
Les veilleurs de crue © La bobine 2016

Description

Aspect réglementaire et application concrète

Depuis la loi de 2004, les individus sont censés être les premiers acteurs de leur sécurité face au risque. Or, force est de constater que cette disposition réglementaire peine encore à être appliquée aujourd’hui. D’une part, la majorité d’entre nous ignore cette responsabilisation, considérant que la mise en sécurité des personnes relève avant tout des autorités, à travers les services de secours et/ou de sécurité civile. D’autre part, les populations ne voient pas comment elles pourraient agir en cas d’inondation : si le phénomène est intelligible et connu de tous et toutes (chacun voit ce qu’est une inondation), il est difficile de savoir quoi faire, quand agir et comment s’y prendre quand on y fait face en temps réel.

Où trouver l'information adaptée à l'individu ?

La première démarche pour faire face à une inondation consiste à s’informer sur les risques encourus afin de prendre conscience de leur existence, quel que soit le territoire concerné. À titre d’exemple, on peut rappeler que le risque d’inondation concerne pas moins de 27 000 communes françaises. Cette connaissance est accessible auprès des mairies (à travers le Plan de Prévention du Risque PPR, ou le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs Dicrim), auprès des notaires ou des agences immobilières (à travers le fichier Information Acquéreur Locataire), ou sur différents sites internet (à travers la plateforme GéoRisques du Ministère de l’Environnement par exemple). Elle est également véhiculée de façon indirecte par l’école (à travers le Plan Particulier de Mise en Sûreté PPMS) ou par des acteurs de différente nature (des syndicats de rivière comme EPISEINE).

Un aperçu de dispositifs sur le risque inondation

Des dispositifs artistiques, ludiques ou co-construit permettent aussi depuis plusieurs années de présenter le risque d’inondation de façon plus poétique ou plus collective, indépendamment de l’âge ou du niveau de connaissance des publics visés. Les habitant.e.s peuvent d’ailleurs s’impliquer de manière plus active, à travers les Réserves Communales de Sécurité Civile - quand elles existent – les associations de protection civile, de radios amateurs ou les réseaux de veilleurs.

Les veilleurs de crue © La bobine 2016

Les veilleurs de crue

© La bobine 2016

Ces diverses formes associatives permettent de se familiariser avec le sujet et de s’initier aux gestes qui sauvent, mais également de créer des communautés locales qui constitueront des relais efficaces entre les autorités et les résident.e.s. L’implication concrète des citoyen.ne.s à la gestion des risques s’illustre à travers le succès et la reconnaissance de la communauté VISOV depuis 2012. Ce réseau, organisé sur les réseaux sociaux numériques (Facebook, Twitter, etc.), permet à tout un chacun d’apporter sa contribution aux services de l’État, en identifiant des informations pertinentes, en les vérifiant et en échangeant avec son propre réseau. Ces bénévoles qui œuvrent à leur échelle se sont rendus tellement indispensables que désormais la plupart des Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) font appel à leurs compétences en cas d’inondation, voire en cas de crises majeures de façon plus générale.

Quelles perspectives ?

Les citoyen.ne.s ont donc bien un rôle à jouer dans la problématique du risque inondation, notamment en amont, dans le cycle de la prévention, et pas seulement en constituant des associations de sinistré.e.s. Les formes pertinentes d’organisation restent à développer, à inventer en lien avec le territoire concerné et la plupart des dispositifs existants ont été initiés par les services de l’État et peinent à se stabiliser dans le temps. Mais loin d’être décourageants, ces résultats montrent qu’il existe des possibilités inexploitées, que les individus peuvent agir à leur niveau, même de manière modeste, afin de contribuer à une meilleure résilience face aux risques auxquels ils sont confrontés sur leur territoire.

« Dans un monde instable, mutant, fondé sur la vitesse et l’information, les maillages de proximité sont non seulement indispensables à la vie du système, mais deviennent les seuls à pouvoir encore opérer de façon pertinente », Patrick Lagadec (2009).